La menthe et le cumin

L’odeur au cœur de la smala !

Petit recueil de 99 pages que je viens de terminer…2h tout au plus de lecture, mais un magnifique souvenir qui se prolonge dans le temps, rempli d’effluves heureuses.

Un bijou de livre, qu’a dit l’animateur Franco ou chaque plat, chaque odeur est prétexte au souvenir intime rappelant ses origines espagnole, française et pied-noir, tout en étant bien installée au Québec.
Les repas de famille sont sacrés, ils transportent un trésor dira-t-elle, La vie de famille a été mon pays et mes racines.

De plus, j’ai vraiment aimé ce style bref, concis, un flash de mémoire en moins de 2 pages avec une chute qui laisse le temps de laisser venir une odeur !

Voilà un exercice d’écriture à lire et relire par une des grandes journalistes au Québec.

 

Un extrait pour donner la couleur : 

(…) Quoi qu’il en soit, mes parents aimaient préparer le réveillon et concocter un menu qui changeait de l’ordinaire. Nous dégustions souvent des huitres. Mais, ce plat que je préférais, c’était la coquille Saint-Jacques. Mes parents apprêtaient eux-mêmes le mélange de crevettes, pétoncles, champignons, vin blanc et le faisaient gratiner avec un mélange de gruyère bien piquant.

Ils déposaient le tout dans des assiettes en forme de coquilles, qui m’impressionnaient beaucoup. On en avait une tonne de ces assiettes, et jamais assez de monde autour de la table pour toutes les utiliser.  Ces soirs-là, j’étais plus attentive au soin que prenaient mes parents à la préparation du repas qu’aux plats eux-mêmes. (p. 32)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

On connait Pascale Navarro la féministe, la journaliste, l’autrice d’essais percutants. Mais que sait-on de son passé?
Dans ces « récits d’enfance et de cuisine » où l’on connaîtra les secrets des gourganes à l’ail, au citron et au cumin, de la kémia et du gâteau à deux œufs, elle rend hommage à sa grande famille dispersée, l’invitant symboliquement autour d’une grande table, lui offrant l’un de ces moments qui transmettent une mémoire.

À propos de l’autrice :

Pascale Navarro journaliste, contribuant à diverses publications montréalaises. Elle a été chroniqueuse culturelle el littéraire à Radio-Canada ainsi qu’à Télé-Québec. Elle est autrice de nombreux essais, dont en 2010 Les femmes en politique changent-elles le monde ? et en 2015, chez Leméac, Femmes et pouvoir : les changements nécessaires. Plaidoyer pour la parité.

Titre : La menthe et le cumin
Autrice : Pascale Navarro
Éditeur : Leméac
Date de parution : Octobre 2020

La singulière tristesse du gâteau au citron

Un roman tout en demi-teinte, intimiste, poétique !

Un titre intrigant ! Mais un phénomène tout aussi intrigant pour Rose… En effet, les aliments qu’elle consomme deviennent un élément de lecture des émotions des gens qui les cuisinent …
Le jour anniversaire de ses 9 ans, Rose déguste le gâteau au citron que sa mère vient de lui cuisiner pour l’occasion. Désemparée, en une bouchée, elle perçoit le désespoir et la tristesse profonde qui habite sa mère…

Et au fil des jours, à chaque dégustation de plats, elle ressent très précisément les émotions des personnes qui ont cuisiné ces plats. Autant la colère, l’agacement, l’émoi … de ces gens qui la nourrissent … et peu importe l’endroit, tant dans sa famille, qu’au restaurant ou à la cafétéria. La découverte de ce pouvoir est un vrai choc qui va la perturber grandement au point de la pousser à se réfugier dans la nourriture purement industrielle – donc complètement anonyme – pour être bien sûr de ne plus rien ressentir.

A travers les émotions qu’elle ressent au contact de la nourriture, Rose apprend à se connaître elle-même … C’est ce difficile passage de l’enfance à l’adolescence et à l’âge adulte qu’elle traversera ! 15 années de la vie de Rose, où les relations avec sa famille sont omniprésentes : une famille totalement dysfonctionnelle -avec la mère dépressive, qui aura une liaison que Rose aura d’ailleurs perçue « un goût d’amour et de trahison », dira-t-elle. Le père taciturne, le frère, surdoué mais autiste, un très proche ami de son frère qui lui fera connaître un grand moment de passion. À lire ce conte savoureux dont le fameux gâteau au citron aura changé la vie de Rose.

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Un extrait pour donner la couleur

J’avais passé mes déjeuners à goûter ce que prenaient mes camarades, me frayant un chemin à la cantine où j’avais fini par découvrir une pizza à la pâte moelleuse préparée dans le coin gauche des cuisines de l’école par une dame triste avec un filet sur les cheveux. Elle était triste, d’accord, mais sa tristesse était si sincère et reconnaissable que je trouvais la sauce tomate et le fromage fondu plus que comestibles, pour ne pas dire bons. (ed Points, p. 94)

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

Sous la douceur la plus exquise, Rose perçoit le désespoir. Ce bouleversement va entraîner la petite fille dans une enquête sur sa famille. Car, chez les Edelstein, tous disposent d’un pouvoir embarrassant : odorat surpuissant ou capacité de se fondre dans le décor au point de disparaître. Pour ces superhéros du quotidien, ce don est un fardeau. Chacun pense être affligé d’un mal unique, d’un pouvoir qu’il faut passer sous silence.

À propos de l’auteur :AimeeBender

Née en 1969, Aimée Bender vit à Los Angeles. Elle enseigne le creative writing à University of Southern California. Elle travaille également en atelier de théâtre avec les malades mentaux. Son premier livre « La Fille dans la jupe inflammable » est une collection d’histoires courtes, publié en 1998.

Titre : La singulière tristesse de la tarte au citron
Auteur : Aimée Bender
Éditeur : de l’Olivier et Points
Date de parution : 2013
Traduction de l’anglais par Céline Leroy

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