Peut-être êtes-vous accros à la série télévisée Downton Abbey…
… voici donc le livre qui l’a inspirée, décrivant les conditions de travail des domestiques et leurs rapports avec les patrons de la Haute Société anglaise au début du 20e siècle.
Margaret Powell rêve d’être institutrice, ses parents ne peuvent lui payer les études nécessaires, elle doit donc entrer en condition, c’est-à-dire devenir domestique. À 15 ans, elle devient fille de cuisine, un des statuts les plus ingrats car, non seulement elle est au service des patrons, mais également à celui des domestiques. Enfin promue cuisinière, elle aura cette liberté d’être en relation avec la patronne des lieux.
Elle passera donc toute sa vie dans les cuisines de la Haute Société pour qui les domestiques sont une race à part, «une sous-espèce vivant sous terre». Elle nous fait bien sentir ces deux univers parallèles : en haut et en bas ! Et partage une anecdote qui résume bien le rapport entre ces deux mondes : À ces débuts, alors qu’elle n’est encore que fille de cuisine, un matin, elle nettoie les escaliers, le livreur lui tend le journal et spontanément, elle le tend à Mrs Clydesdale. Sa patronne, la regarde froidement et lui dit : « Vous ne devez jamais, jamais vous m’entendez, sous aucun prétexte, me tendre quoi que ce soit avec vos mains; toujours sur un plateau d’argent. Votre mère a pourtant été en condition. Elle ne vous a donc rien appris ! » Voilà le ton qui était réservé à tous ces domestiques que la Haute Société considérait comme « un mal nécessaire » ! Selon EUX, (c’est ainsi qu’on appelait les patrons), les domestiques étaient incapables d’apprécier les bonnes choses, ni le confort; il fallait donc les nourrir très simplement, les faire travailler et les loger dans des chambres nues et glaciales…
À cette même époque, le duc de Westminster avait à son service plusieurs centaines de serviteurs, sa ménagerie humaine, comme il aimait la qualifier : majordome, femme de service, valet de pied, femme de chambre, aide-femme de chambre, gouvernante, jardinier, chauffeur, fille de cuisine, cuisinière… et j’en passe…
À lire pour comprendre le rapport entre ces deux mondes et pour apprendre quelques détails intéressants dont le fait qu’un service de table complet de porcelaine compte 126 pièces et doit être lavé une fois/semaine … !!
Mais quel mauvais titre en français alors que l’anglais est si parlant : Below Stairs.
Un extrait pour donner la couleur
« Une autre de mes bêtes noires, c’était le nettoyage des casseroles en cuivre. Elles se salissaient à chaque fois qu’on s’en servait. Après chaque repas, tout le brillant était parti et elles étaient à nouveau ternes. On les nettoyait avec un horrible mélange de sable, de sel, de vinaigre et un peu de farine, et on le faisait à mains nues. (…) Une fois qu’elles étaient astiquées ca faisait joli, toutes ces casseroles accrochées au mur de la cuisine; ca allait de la plus minuscule, qui ne contenait qu’une tasse à thé, jusqu’à la plus énorme ou on pouvait mettre trois Christmas puddings côte à côte. » (p. 130)
Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Grâce à son franc-parler aux antipodes des récits de domestiques anglais trop parfaits, ce témoignage paru en 1968 a valu la célébrité à Margaret Powell. Quarante ans plus tard, il a inspiré le scénariste de Downton Abbey.
Née dans une famille modeste du Sussex, Margaret Powell (1907-1984) doit travailler dès l’âge de treize ans. La parution de ce livre en 1968 lui vaut la célébrité. Le succès se poursuit avec Climbing the Stairs, The Treasure Upstairs, The Margaret Powell Cookery Book. Elle devient une habituée des talk-shows et passe son bac à plus de 60 ans.
Titre : Les tribulations de la cuisinière anglaise
Auteur : Margaret Powell
Éditeur : Payot
Date de parution : 2013 (réédition de 1968)
Traduction de Below Stairs par Hélène Hinfray