Winston Churchill

L’aristocratie de l’ère victorienne

L’appétit de Churchill semble sans limites ! Épris de bonne chère, d’alcools raffinés et de liberté, cette image de bon vivant, enclin aux excès de tout genre, dont il a d’ailleurs lui-même cultivé le mythe a grandement contribué à sa popularité. Il aimait recevoir, et ne laissait rien au hasard, décidant du menu, et surtout du plan de table. « Et lorsque les repas au sommet permettent à ce visionnaire de planifier la paix mondiale tout en dégustant potages clairs, fruits de mer et desserts glacés arrosés de champagne Pol Roger, son bonheur est complet.

Je planche présentement sur l’histoire des menus au Québec… Ceux du début du 20e siècle comportent régulièrement : faisan et soupe à la tortue ! Quelle ne fut pas ma surprise de lire que, lors de dîners internationaux,  le  consommé de prédilection de Churchill était la soupe de tortue, plats iconiques anglais s’il en est un « un mets d’une délicatesse aujourd’hui oublié» note l’auteure.

On aime ou non Churchill, toutefois, dans la collection Biographie Gourmande, ce rappel historique et l’angle de l’excès de ce géant, demeurent une lecture divertissante.

Un extrait pour donner la couleur 

« Comment fait-il pour tenir le coup :  C’est bien simple : il boit trop, mange trop et ne fait pas de sport, révèle-t-il à son infirmière. Et aussi, surtout, il voyage au rythme de son estomac. Il se réfère lui-même au concept de tummy-time, c’est-à-dire à l’heure de l’estomac, peu importe le fuseau horaire. Il ne boit presque que du champagne Pol-Roger, offert en partie par sa très grande amie Odette Pol-Roger qui lui faisait expédier régulièrement des caisses. D’ailleurs la famille royale partage son goût en matière de champagne, toujours fournisseur officiel de Sa Majesté, rien de moins que 300 magnums furent commandés pour célébrer le mariage du prince William et de Kate Middleton. » (p.78)

« Il me faut un gobelet de sherry dans ma chambre avant le petit-déjeuner, 2 ou 3 verres de scotch avec de l’eau gazeuse avant le déjeuner , du champagne et un brandy de 90 ans d’âge avant de m’endormir le soir. » (Propos prêté à Churchill par le majordome de la Maison-Blanche, Alfonso Fields, qui lui attribue une consommation d’alcool sans limites.


Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
« Mais où Churchill a-t-il acquis cette facilité à s’attabler avec les plus grands ? Par quel flegme traite-t-il avec eux sur un pied d’égalité pour le plus grand bonheur de tous ? Qu’il s’agisse de magnats de pétrole, de têtes couronnées, de présidents russes, américains ou même de stars de cinéma, tous sont sous le charme de Churchill et de ses qualités de convive. Les repas appréciés par Churchill l’hédoniste, deviennent une arme politique, un outil diplomatique, ce qui fait de sa vie culinaire l’une des plus palpitantes de tous les temps. »

Par l’une des grandes spécialistes de l’histoire britannique, ce livre dresse le portrait de Churchill, l’homme de tous les superlatifs, sous l’angle savoureux de la gastronomie. Cette biographie ouvre une collection consacrée aux grands personnages de l’Histoire, qui les saisit dans une intimité inédite : à table !

Il déclare a 75 ans « Écrire un livre est une aventure. Pour commencer, c’est un jouet et un amusement; puis, il devient une maîtresse et ensuite un tyran.. La dernière phase est quand, juste au moment où on s’apprête à se réconcilier avec sa servitude, on tue le monstre et on le jette au public ! »

À propos de l’auteure :
Catherine Heyrendt-Sherman enseigne l’histoire de la civilisation britannique à l’université de Reims. Selon l’éditeur « seul faux pas dans ce cursus sans tâche; être née en France, elle que l’on croit si souvent britannique ».

Titre : Winston Churchill
Auteur : Catherine Heyrendt-Sherman
Éditeur : Payot –coll. Biographie Gourmande
Date de parution : Novembre 2016

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Le cuisinier de Talleyrand

Un polar culinaire historique sous-titré Meurtre au congrès de Vienne

le-cuisinier-de-talleyrandEn 1814, l’Autriche accueille le Congrès de Vienne où les grandes nations européennes devront décider de l’avenir de la France, dont les armées de Napoléon viennent d’être battues.
Voilà qu’entre en scène l’émissaire français, le prince de Talleyrand qui rayonnera dans l’art de la diplomatie, notamment grâce, en partie aux services de ce génie de la cuisine, Antonin Carême, considéré encore aujourd’hui comme un des grands maîtres de la cuisine française.

La mise en situation historique est réelle. Mais pour la suite, voilà qu’on découvre un cadavre dans les cuisines de Carême, celui d’un rôtisseur, dont le corps est atrocement mutilé. Alors commence l’enquête. Il est tout de même agréable de se promener dans les rues de Vienne en compagnie des enquêteurs, puis de pénétrer le monde souterrain des cuisines de Carême, où le personnel s’affaire dans des conditions si difficiles, de l’aube à la nuit…Très beau livre où les mœurs de l’époque sont décrites avec précision.

Talleyrand

Talleyrand

Tous les lecteurs seront bien servis : autant l’amateur de cuisine, que l’amateur d’histoire, d’intrigue policière ou de considérations politiques. Et pour la réalité historique, chaque menu servi par Carême lors des banquets du Congrès de Vienne, est présenté en tête de chaque chapitre.

À VOIR : Excellent film Le Souper de Talleyrand d’Edouard Molinaro (1992) mettant en vedette Claude Brasseur et Claude Rich, un duel verbal extraordinaire entre Talleyrand et Fouché, dont l’enjeu est l’avenir de la France. À se procurer dans les cinémas de répertoire.

Un extrait pour donner la couleur

Il alla jusqu’à la grande table de bois. À peine protégés d’un torchon, deux gros lièvres, préparés pour le lendemain, y attendaient, l’oeil humide, dépecés, écartelés sur une planche en liège. Ils finiraient en côtelettes, en terrines et en pâtés. Un peu plus loin, un cuisseau de marcassin à la mode de Tours trempait piteusement dans sa marinade au vin de Touraine. (p. 145)

careme

Carême

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)

Au printemps 1814, les puissances qui ont enfin vaincu Napoléon se réunissent à Vienne pour se partager l’Empire. Deux cents délégations, des milliers de participants, une quinzaine de souverains s’installent dans la somptueuse capitale autrichienne. L’affaire semble devoir se jouer entre la Russie, la Prusse, l’Angleterre et l’Autriche, mais un génie de la diplomatie va renverser les pronostics. Le Français Talleyrand devient l’arbitre des négociations. Pour circonvenir les plus réticents et les étourdir dans les fastes et les plaisirs, il engage Antonin Carême, cuisinier des rois et roi des cuisiniers. Au milieu de ces festivités, un nommé Maréchal est sauvagement assassiné. Tous les éléments convergent sur un suspect, a priori, insoupçonnable. Carême a-t-il tué Maréchal ?

À propos de l’auteur : AVT_Jean-Christophe-Duchon-Doris_1138

Le Français Jean-Christophe Duchon-Doris vit à Marseille. Outre des publications juridiques et des charges d’enseignement, il est également auteur de romans historiques.

Titre : Le Cuisinier de Talleyrand
Auteur : Jean-Christophe Duchon-Doris
Éditeur : Julliard et 10-18
Date de parution : 2006

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