Un polar à l’humour noir décapant et délectable
Journaliste, acteur, chansonnier et star de la télé brésilienne, Jô Soares manie l’humour noir, confirmant, sans l’ombre d’un doute, que la gourmandise est vraiment un péché « mortel ».
En 1938, un tueur en série sévit dans les rues chaudes de Rio. Huit femmes corpulentes sont enlevées, gavées de pâtisseries, jusqu’à l’étouffement. Je ne dévoile aucun secret, car c’est ainsi que débute ce polar, plein d’humour… En effet, dès le début, on apprend que l’assassin croque-mort part à la chasse aux grosses par pure vengeance de sa mère qui, elle-même obèse, lui a interdit formellement de devenir gros.
L’obésité ne se formalisant ni du statut social, ni de l’âge de la personne, ses victimes sont choisies sans autre lien évident que leur extrême embonpoint. Une prostituée polonaise, une nonne trop gourmande, une cantatrice allemande de passage seront gavées de leur dernier repas. C’est ainsi qu’une tartelette à la crème ou une suave mousse au chocolat deviendront arme du crime.
Pour résoudre cette énigme loufoque, le commissaire Noronha, s’adjoindra un ex-policier portugais, devenu maître-pâtissier dont « la passion pour la gastronomie se manifestait dans sa circonférence », précisera l’auteur. On se surprend à sourire et même à rire en suivant le tueur dans ses guet-apens pour attirer les candidates idéales.
Outre le fait que ce polar est un guide pour circuler simplement dans la ville de Rio, il est également un livre de recettes de la cuisine portugaise, qu’on a le plaisir de découvrir en compagnie de l’ex-policier-pâtissier. Chaque crime devient prétexte à nous faire saliver. … Les commentaires à la radio sont entrecoupés de publicités de l’époque, qui souvent nous font éclater de rire !
Inutile de se creuser la tête pour dénouer l’intrigue, voici un polar truculent, teinté d’humour subtil qui appelle à la détente. Un polar qui nous fait sourire, forte recommandation … Mais au fait, ce polar serait-il politiquement incorrect !?!
Un extrait pour donner la couleur :
« Tout en versant et versant encore, Charon déclame la recette de sa mère comme si c’étaient des vers de Camoès, le grand poète de la renaissance portugaise :
Faire fondre le chocolat au bain-marie,
Tout en y ajoutant petit à petit le beurre.
Puis versez le lait bien chaud
Et, cesser de tourner le sucre.
Séparez le blanc et le jaune des œufs
Et battez les blancs en neige. incorporez-les au mélange.
Puis les feuilles de gélatine que vous aurez dissoutes dans l’eau froide… »
Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Rio de Janeiro, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Un tueur sec et décharné ne s’attaque qu’aux femmes grosses, très grosses… Son appât ? D’inoffensives et délicieuses pâtisseries …
Né à Rio de Janeiro, Jô Soares est l’un des auteurs les plus appréciés du public brésilien par ses activités multiples : cinéma, radio, théâtre et presse. Il est l’auteur de best-sellers internationaux publiés dans une douzaine de pays.
Titre : Meurtres et autres
Auteur : Jô SOARES
Éditeur : Hurtubise, 2013
Titre : Les yeux plus grands que le ventre
Éditeur : Gallimard, Folio policier, 2014
Traduit du portugais par François Rosso