Un homme dans sa cuisine

« Quand j’étais petit, dans les années 50, l’idée d’un homme dans la cuisine était grotesque ». Mais un bout de vie de célibat apprendra à Julian Barnes que cuisiner peut-être un vrai bonheur! Voilà qu’il découvre, après de savantes déductions quel type de cuisinier il est, soit un obsessionnel anxieux. Çà dit tout – il a l’obsession de la perfection et il est anxieux de ne pas réussir aussi bien qu’on le dit dans les livres.

L’obsessionnel est un adepte du savoir-faire des autres, précise-t-il, donc il cuisine avec des livres de cuisine – mais il proteste contre leur imprécision, avec beaucoup d’humour ! Des imprécisions qui le dérangent profondément et qui constituent d’ailleurs des irritants pour l’obsessionnel, notamment, qu’elle est la différence entre un filet et quelques gouttes d’huile, entre trancher et découper, que signifie verser un verre de vin blanc?

Outre les recettes, il aborde différents sujets dont l’utilité des ustensiles de cuisine, la place des convives lors de réceptions intimes ou plus élaborées et tout ce qui peut l’obséder et qui semble si naturel et acquis pour les gourmets et gourmands.

Un récit drôle et intime écrit par un philosophe anglais !

Un extrait pour donner la couleur

La cuisine consiste à transformer l’incertitude (la recette) en certitude (le plat) via beaucoup de chichis !

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)

Un des plus célèbres écrivains anglais d’aujourd’hui va nous livrer ici le désopilant récit de ses trouvailles (parfois curieuses, voir le saumon aux raisins secs), de ses échecs (souvent savoureux, voir pourquoi il a raté le lièvre à la sauce au chocolat) et de ses coups de gueule (ah, ces livres de cuisine tous aussi imprécis les uns que les autres !).

À propos de l’auteur :art-barnes2-420x0

Julian Barnes, journaliste et auteur prolifique qui a publié des dizaines de romans traduits en plus de vingt langues, dont en 1986, Le Perroquet de Flaubert pour lequel il a obtenu le Prix Médicis.

Titre : Un homme dans sa cuisine
Auteur : Julian Barnes
Éditeur : Gallimard, Folio
Date de parution :
Traduction de l’anglais The Pedant in the Kitchen par Josette Chucheportiche

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Les tribulations d’une cuisinière anglaise

Peut-être êtes-vous accros à la série télévisée Downton Abbey…

 

voici donc le livre qui l’a inspirée, décrivant les conditions de travail des domestiques et leurs rapports avec les patrons de la Haute Société anglaise au début du 20e siècle.

Margaret Powell rêve d’être institutrice, ses parents ne peuvent lui payer les études nécessaires, elle doit donc entrer en condition, c’est-à-dire devenir domestique. À 15 ans, elle devient fille de cuisine, un des statuts les plus ingrats car, non seulement elle est au service des patrons, mais également à celui des domestiques. Enfin promue cuisinière, elle aura cette liberté d’être en relation avec la patronne des lieux.

Elle passera donc toute sa vie dans les cuisines de la Haute Société pour qui les domestiques sont une race à part, «une sous-espèce vivant sous terre». Elle nous fait bien sentir ces deux univers parallèles : en haut et en bas ! Et partage une anecdote qui résume bien le rapport entre ces deux mondes : À ces débuts, alors qu’elle n’est encore que fille de cuisine, un matin, elle nettoie les escaliers, le livreur lui tend le journal et spontanément, elle le tend à Mrs Clydesdale. Sa patronne, la regarde froidement et lui dit : « Vous ne devez jamais, jamais vous m’entendez, sous aucun prétexte, me tendre quoi que ce soit avec vos mains; toujours sur un plateau d’argent. Votre mère a pourtant été en condition. Elle ne vous a donc rien appris ! » Voilà le ton qui était réservé à tous ces domestiques que la Haute Société considérait comme « un mal nécessaire » ! Selon EUX, (c’est ainsi qu’on appelait les patrons), les domestiques étaient incapables d’apprécier les bonnes choses, ni le confort; il fallait donc les nourrir très simplement, les faire travailler et les loger dans des chambres nues et glaciales…

À cette même époque, le duc de Westminster avait à son service plusieurs centaines de serviteurs, sa ménagerie humaine, comme il aimait la qualifier : majordome, femme de service, valet de pied, femme de chambre, aide-femme de chambre, gouvernante, jardinier, chauffeur, fille de cuisine, cuisinière… et j’en passe…

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À lire pour comprendre le rapport entre ces deux mondes et pour apprendre quelques détails intéressants dont le fait qu’un service de table complet de porcelaine compte 126 pièces et doit être lavé une fois/semaine … !!

Mais quel mauvais titre en français alors que l’anglais est si parlant : Below Stairs.

 Un extrait pour donner la couleur

« Une autre de mes bêtes noires, c’était le nettoyage des casseroles en cuivre. Elles se salissaient à chaque fois qu’on s’en servait. Après chaque repas, tout le brillant était parti et elles étaient à nouveau ternes. On les nettoyait avec un horrible mélange de sable, de sel, de vinaigre et un peu de farine, et on le faisait à mains nues. (…) Une fois qu’elles étaient astiquées ca faisait joli, toutes ces casseroles accrochées au mur de la cuisine; ca allait de la plus minuscule, qui ne contenait qu’une tasse à thé, jusqu’à la plus énorme ou on pouvait mettre trois Christmas puddings côte à côte. » (p. 130)

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 Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)

Grâce à son franc-parler aux antipodes des récits de domestiques anglais trop parfaits, ce témoignage paru en 1968 a valu la célébrité à Margaret Powell. Quarante ans plus tard, il a inspiré le scénariste de Downton Abbey.

 À propos de l’auteur AVT_Margaret-Powell_6663

Née dans une famille modeste du Sussex, Margaret Powell (1907-1984) doit travailler dès l’âge de treize ans. La parution de ce livre en 1968 lui vaut la célébrité. Le succès se poursuit avec Climbing the Stairs, The Treasure Upstairs, The Margaret Powell Cookery Book. Elle devient une habituée des talk-shows et passe son bac à plus de 60 ans.

 

Titre : Les tribulations de la cuisinière anglaise
Auteur : Margaret Powell
Éditeur : Payot
Date de parution : 2013 (réédition de 1968)
Traduction de Below Stairs par Hélène Hinfray

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Des pêches pour monsieur le Curé

0110-300x454J’ai tellement aimé CHOCOLAT, ce best-seller paru en 1999, voici la suite ! Difficile d’avancer dans la lecture Des pêches … sans revoir ces amoureux et tous ces personnages vivant dans ce hameau du sud-ouest français, immortalisé au cinéma par le couple Juliette Binoche / Johnny Depp.

Donc 8 ans se sont écoulés, voilà que Vianne, cette bombe chocolatière reçoit une missive, signée de feue sa vieille amie Armande lui indiquant que rien ne va plus dans son petit village d’adoption.

Le conflit entre l’homme en noir – le curé Reynaud, l’ennemi de Vianne de l’époque, et la femme en noir, Inès Bencharki, sous son sombre niqab qui recouvre l’entièreté de son corps – résume cette tension entre la communauté catholique et la nouvelle communauté musulmane, récemment installée aux Marauds.

Les nouveaux arrivants, responsables de ce bouleversement dans la petite communauté, transportent avec eux leurs histoires, leurs secrets et leurs angoisses … Inès, cette musulmane qui semble avoir envoûté toutes les femmes du village, de même que l’obsédante présence de Karim le charmeur maladif connaîtront un dénouement inattendu !

La convivialité autour de la nourriture

De nouveau, tout est prétexte à se laisser envoûter par les douceurs cuisinées par Vianne. «Offrir de la nourriture revenait à tendre une main amicale. L’accepter, c’était être adopté par la plus recluse des communautés.»

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Des interrogations : Est-ce si important de présenter Anouk la fille ado de Vianne  accro de son téléphone et de Facebook et le nouveau curé qui présente ses sermons sur PowerPoint … un peu plus d’amour entre Roux et Vianne m’aurait plu – son arrivée discrète au village, par voie d’eau-comme il se doit est trop rapidement esquinté …

À lire pour l’histoire très contemporaine de l’intégration des communautés et de leur arrivée massive dans différentes régions, de même que pour cette chocolatière qui provoque une kyrielle d’émotions extrêmes chez les villageois qui auront à confronter son énergie.

Un extrait pour donner la couleur :

Impossible de ne pas ajouter la fameuse recette de Confitures de pêches

« Nous n’allons pas les cuire aujourd’hui. On va les laisser macérer toute la nuit. Un kilo de sucre pour la même quantité de fruits, sans compter les feuilles et les noyaux, bien sûr. On les coupe en tranches dans une casserole de cuivre. Le cuivre c’est ce qu’il y a de mieux pour la cuisine parce qu’il chauffe plus vite. On ajoute le sucre. (…) Ensuite on ajoute la cannelle, ai-je annoncé. En bâtons cassés en deux, pas en poudre. Deux ou trois devraient suffire…» On recouvre la marmite d’un chiffon et on l’oublie pour la nuit.
Demain matin, on allumera la cuisinière et on remuera jusqu’à ce que la confiture commence à bouillir. Il ne faudra pas la laisser plus de quatre minutes à ébullition. On la mettra dans des pots pour l’hiver prochain. »
Elle m’a jeté un coup d’œil rapide. « L’hiver ? – Bien sûr, je ne serai plus là, ai-je déclaré. Mais la confiture est meilleure en hiver. Lorsque les nuits sont longues et que l’air est gelé, ouvrir l’un de ces ports c’est faire renaître le soleil… !»

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Lorsque Vianne Rocher reçoit une lettre d’outre-tombe, elle n’a d’autre choix que de suivre le vent qui la ramène à Lansquenet, petit village du sud-ouest de la France où elle avait ouvert une chocolaterie, huit ans plus tôt. Vianne n’est pourtant pas préparée à ce qu’elle va découvrir : des femmes voilées de noir, le parfum des épices et du thé à la menthe… De nouveaux arrivants ont apporté leur part de changement dans la communauté où les traditions ont toujours occupé une place importante.

Joanne-Harris-c-Kyte-PhotographysmallÀ propos de l’auteur :
Née à Barnsley en 1964 d’une mère française et d’un père anglais, Joanne Harris est l’auteur de huit romans à succès dont Chocolat, Les cinq quartiers de l’orange, Vin de bohème et Le Rocher de Montmartre. « La créativité et la rigidité ne font pas bon ménage », dira Madame Harris lors d’une séance de signature à la Librairie Gourmande le dimanche 13 novembre 2013. J’abonde !

Titre : Des pêches pour monsieur le Curé
Auteur : Joanne HARRIS
Éditeur : Hurtubise, 2013
Éditeur : Folio 2014
Traduction de l’anglais par Gaëlle Rey

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