Chef, oui Chef !

Une recette, c’est le goût d’un souvenir !

Jean Soulard, un nom associé à la cuisine du Château Frontenac dont il a dirigé les cuisines pendant 20 ans. Il a plusieurs livres à son actif, dont le dernier et sûrement le plus audacieux,
Le cannabis en cuisine.

Un brin d’humour, quelques lignes poétiques rendent vivante chaque histoire, celle de son père boulanger, celle de la mémorable sortie d’eau du marlin bleu de Guam ou de l’arrivée de la poule Chanteclerc au Château. Des histoires en mémoire lointaine, comme alors qu’il n’était qu’assistant, désirant dénouer le secret de ce mythique Soufflé d’omble du Père Bise, épiant le vieux chef, mémorisant ses gestes, vérifiant en catimini les produits utilisés… ! Chaque histoire est une aventure dans le temps. Mais, voilà qu’à la mi-mars 2020, il raconte ce séjour à Pondichéry qui dure un peu plus de 36 h, puisque la pandémie prend la planète en otage…les liaisons avec le pays sont rompues et il devra revenir en catastrophe … comment oublier mars dernier ! Au retour, en quarantaine, je vous laisse deviner de quelle manière j’ai occupé mon temps… j’ai commencé à écrire ce livre… Bonne lecture !

Un extrait pour donner la couleur :

Une conclusion qui résume une vie « La question revient régulièrement : Chef, quel est le meilleur repas que vous avez mangé?
Une recette est une liste d’ingrédients. Bien dosés, cuisinés à point avec un soupçon d’originalité, une pointe de saveur personnelle, ces ingrédients deviendront une délicieuse assiette. Mais un repas est bien plus qu’une succession de plats succulents. La table est alors mise pour la conversation, les échanges entre convives qui se racontent.
Avec le temps, le menu entrera dans l’oubli, mais ce moment qui a nourri une grande amitié restera gravé dans la mémoire. J’ai des souvenirs impérissables de rencontres autour d’une table ou il y avait seulement un bon pain, un excellent fromage et du vin. La cuisine, c’est avant tout, des contacts humains. »

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

« Je partage avec vous mes souvenirs, guidés par la poésie, le plaisir, et tous liés par la gourmandise et l’amitié. C’est un voyage dans le temps, teinté de liberté et assaisonné à ma façon. Une invitation à goûter la cuisine à travers l’humain. »

À propos de l’auteur :

Jean Soulard Maître cuisinier de France a travaillé dans des maisons étoilées dans le monde entier avant de s’installer au Québec en 1979. Il a dirigé la cuisine château Frontenac durant 20 ans et signé 11 livres.

Titre : Chef, oui Chef !
Auteur : Jean Soulard
Éditeur : Flammarion Québec
Date de parution : Septembre 2020

La menthe et le cumin

L’odeur au cœur de la smala !

Petit recueil de 99 pages que je viens de terminer…2h tout au plus de lecture, mais un magnifique souvenir qui se prolonge dans le temps, rempli d’effluves heureuses.

Un bijou de livre, qu’a dit l’animateur Franco ou chaque plat, chaque odeur est prétexte au souvenir intime rappelant ses origines espagnole, française et pied-noir, tout en étant bien installée au Québec.
Les repas de famille sont sacrés, ils transportent un trésor dira-t-elle, La vie de famille a été mon pays et mes racines.

De plus, j’ai vraiment aimé ce style bref, concis, un flash de mémoire en moins de 2 pages avec une chute qui laisse le temps de laisser venir une odeur !

Voilà un exercice d’écriture à lire et relire par une des grandes journalistes au Québec.

 

Un extrait pour donner la couleur : 

(…) Quoi qu’il en soit, mes parents aimaient préparer le réveillon et concocter un menu qui changeait de l’ordinaire. Nous dégustions souvent des huitres. Mais, ce plat que je préférais, c’était la coquille Saint-Jacques. Mes parents apprêtaient eux-mêmes le mélange de crevettes, pétoncles, champignons, vin blanc et le faisaient gratiner avec un mélange de gruyère bien piquant.

Ils déposaient le tout dans des assiettes en forme de coquilles, qui m’impressionnaient beaucoup. On en avait une tonne de ces assiettes, et jamais assez de monde autour de la table pour toutes les utiliser.  Ces soirs-là, j’étais plus attentive au soin que prenaient mes parents à la préparation du repas qu’aux plats eux-mêmes. (p. 32)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

On connait Pascale Navarro la féministe, la journaliste, l’autrice d’essais percutants. Mais que sait-on de son passé?
Dans ces « récits d’enfance et de cuisine » où l’on connaîtra les secrets des gourganes à l’ail, au citron et au cumin, de la kémia et du gâteau à deux œufs, elle rend hommage à sa grande famille dispersée, l’invitant symboliquement autour d’une grande table, lui offrant l’un de ces moments qui transmettent une mémoire.

À propos de l’autrice :

Pascale Navarro journaliste, contribuant à diverses publications montréalaises. Elle a été chroniqueuse culturelle el littéraire à Radio-Canada ainsi qu’à Télé-Québec. Elle est autrice de nombreux essais, dont en 2010 Les femmes en politique changent-elles le monde ? et en 2015, chez Leméac, Femmes et pouvoir : les changements nécessaires. Plaidoyer pour la parité.

Titre : La menthe et le cumin
Autrice : Pascale Navarro
Éditeur : Leméac
Date de parution : Octobre 2020

Le Chaudron

Le ChaudronUn été japonais, très chaud, à vivre avec la jeune Tami et sa grand-mère. Un été rythmé par ces repas, propices aux plaisirs adolescents et aux confidences de cette aïeule qui égrène ses secrets comme si la boucle devait se boucler.
«Je trouvais toujours étrange l’extrême inégalité de sa mémoire », dira sa petite-fille à l’écoute de celle qui a vécu l’autre siècle. Tami est aux chaudrons et fait de la cuisine son lieu de privilège.
Un livre où les sens constituent la trame, comme toujours d’ailleurs, et seule la littérature japonaise réussie à nous séduire à ce point ! Un roman tendre, un roman sensuel.
Adapté au cinéma par Akira Kurosawa sous le titre Rhapsodie en août : un titre évocateur, du moins plus que celui du roman.

 

Un extrait pour donner la couleurLe chaudron1

Aujourd’hui au menu j’ai fait un pilaf de palourdes, et comme grand-mère n’a probablement jamais entendu parler de ce plat, je l’ai baptisé riz aux fruits de mer à l’occidentale. Grand-mère, la cuillère dans la main droite, a saisi une palourde de la main gauche et, ouvrant la bouche, elle a sucé bruyamment le jus du coquillage et a aspiré la chair avant de lécher du bout de la langue les grains collés à l’intérieur de la coquille. (page 77)

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

Tami a dix-sept ans. Elle est en vacances chez sa grand-mère avec son frère et leurs cousins, ceci en l’absence de leurs parents partis au chevet d’un grand-oncle. Bonne ménagère, c’est tout naturellement que Tami s’installe en cuisine auprès de son aïeule.
Chaque jour au jardin, elles composent ensemble un tableau de couleurs et de saveurs, qu’elles jettent ensuite dans le chaudron avant de proposer à la famille une multitude de goûts aussi variés qu’élaborés.

À propos de l’auteure : Kiyoko

Femme de lettre japonaise, Kiyoko Murata, est née en 1945 à Yahata. En 1975, elle reçoit le prix du Festival des ans de Kyushu pour La Voix de l’eau et décide alors de se consacrer exclusivement à l’écriture. Elle a remporté de nombreux prix; elle est lauréate du prix Murasaki Shikibu de littérature en 1997 et du prix Noma en 2010.

Titre : Le Chaudron
Auteure : Kiyoko
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : 2015
Traduction de l’anglais par Anne-Yvonne Gouzard

Pour vous le procurer

Mãn

7051-300x512Une personnalité attachante, fluide, joviale… Lors du colloque Raconter l’aliment, à l’Université Concordia, en mai 2015, Kim Thuy raconte ses souvenirs avec moult détails … un long sourire sur son visage nous fait comprendre qu’elle a fait la paix avec cette période sombre de son exode.
Kim raconte ce magnifique Mãn de tous les désirs, où la nourriture a différentes fonctions, mais essentiellement pour séduire, pour plaire, et aussi pour soigner les cœurs meurtris. « La manipulation de l’aliment nous rapproche du corps. C’est toujours un équilibre fragile, que les doigts ressentent mieux que les mots ne semblent expliquer.»

On découvre à travers ce beau texte l’héritage culinaire français, envahisseur du Vietnam pendant 100 ans. Aujourd’hui la cuisine de Kim, cuisine métissée, comme elle le dit, est un mariage de l’Est et de l’Ouest « comme ce gâteau dans lequel les bananes s’inséraient tout entières dans la pâte de baguette de pain imbibées de lait de coco et de lait de vache. » Lire Kim Thuy c’est pénétrer dans un monde de souvenirs amoureux.

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Un extrait pour donner la couleur

« Mais avant le départ de sa mère, elle avait eu le temps d’apprendre à extraire le lait de la noix de coco en pressant dans ses paumes les boules de chair émiettée imbibée d’eau chaude. Les mères enseignaient à  leurs filles à cuisiner à voix basse, en chuchotant afin d’éviter le vol des recettes par les voisines, qui pourraient séduire leurs maris avec les mêmes plats. Les traditions culinaires se transmettaient en secret, tels des tours de magie, entre maître et apprenti, un geste à la fois, selon le rythme du quotidien. Dans l’ordre naturel, les filles apprenaient donc à mesurer la quantité d’eau pour le riz avec la première phalange de l’index, à tailler les « piments vicieux » avec la pointe du couteau pour les transformer en fleurs inoffensives, à éplucher les mangues de la base à la pointe pour ne pas contredire le sens des fibres. » (p. 12)

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Mãn parle de l’amour à l’envers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut être vécu, celui qui ne doit pas s’inscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu d’un nouveau début, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, près du corps, dans la lenteur aérienne des flocons de neige, il y a eu un amour à l’endroit, c’est-à-dire un amour ordinaire né d’une rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui était pour elle l’extraordinaire, l’improbable. Mãn, c’est l’apprentissage du mot « aimer »

À propos de l’auteure: mo_thuy1000
Kim Thúy est née à Saïgon en 1968. Elle a quitté le Vietnam en « boat-people » avec ses parents à l’âge de 10 ans; ils se sont installés au Québec en tant que réfugiés vietnamiens.
Kim Thúy est diplômée en linguistique et en droit. Elle a alors été traductrice, interprète, avocate, restauratrice, chroniqueure et, depuis 2009, romancière et récipiendaire de nombreux prix.

Titre : Mãn
Auteur : Kim Thuy
Éditeur : Libre Expression
Date de parution : 2013

Pour vous le procurer

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