La goûteuse d’Hitler

La goûteuse d’Hitler

L’horreur racontée par la dernière des goûteuses recrutées par Hitler dans le seul but d’éviter un possible empoisonnement à ce monstre.
Une lecture qui nous bouleverse par le traitement réservé à ces jeunes femmes qu’on affamait avant de leur imposer ces assiettes de la mort. Une lecture ou la peur et la haine rôdent à tous les niveaux.

J’ai été incapable de visionner plus de deux épisodes de la Servante écarlate, adaptation du chef-d’œuvre littéraire de Margaret Atwood. De nouveau, je retrouve cette ambiance où l’horreur est omniprésente et où la honte et la paranoïa s’entrecroisent sournoisement. Vous serez avertis… à vous de tirer vos déductions.

Un extrait pour donner la couleur 

« Il ne m’avait jamais vue de près ni de loin, le Führer. Et il avait besoin de moi. Herta avait essuyé ses mains à son tablier et le SS avait poursuivi, en s’adressant à moi, ne regardant que moi, jaugeant cette main-d’œuvre de saine et robuste constitution. Certes la faim m’avait un peu affaiblie, la nuit les sirènes m’avaient privée de sommeil, la perte de tout et de tous avait flétri mes yeux. Mais mon visage était rond, sous une épaisse chevelure blonde : jeune Aryenne déjà matée par la guerre, l’essayer c’est l’adopter, produit cent pour cent national, une excellente affaire. (20)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l’idée que l’on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa. Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s’exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme « l’étrangère », Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l’hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu’autoritaire. Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c’est à la fois vouloir survivre et accepter l’idée de mourir.

À propos de l’auteure :
Rosella Postorino est une auteure italienne née en 1978

Titre : La goûteuse d’Hitler
Auteure : Rosella Postorino
Éditeur : Albin Michel
Date de parution : 2019
Traduction : Dominique Vittoz

Le goût sucré des souvenirs

Souvenirs d’une si triste période qui malgré tout conserve un goût sucré… une longue vie au rythme des productions de confitures d’abricots ! Les amours, les saisons, les années… celles où la guerre a balayé le bonheur des jours heureux.
Seule survivante d’une famille juive, solitaire en fin de vie, Elisabetta puise dans ces pots de confitures ces souvenirs parfois trop bouleversants, parfois trop cruels. Celui de 1944, ou sa mère dira : au cas où je ne puisse pas t’aider, je vais cacher le pot au fond, il y aura de l’arsenic dedans… A & A, était-il écrit dessus… une cuillère suffit… … ! Et tous ces joyeux moments s’entremêlent à cette horreur, en compagnie de sa mini- tortue prénommée Hitler!! Passer d’une époque a une autre, à travers ses fantômes en fait une lecture un peu angoissante !! mais si vous aimez le goût doucereux du sucre, allez-y déguster cet opus !

Un extrait pour donner la couleur 

« La confiture était en train d’attacher. C’est l’odeur qui m’a alertée, et je me suis empressée de retirer la casserole du feu. Il m’a regardée remplir les pots du liquide sifflant en ébullition. Elle me brûlait les avant-bras, cette fichue confiture. Un pot a craqué dans un bruit sourd sous l’effet de la chaleur, et la mixture visqueuse s’est déversée sur mes doigts. Le fond de la casserole était carbonisé parce que je n’avais pas fait attention. J’en avais marre de faire attention.»  (p. 37)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Elisabetta Shapiro, quatre-vingts ans, vit seule dans sa maison familiale au cœur de Vienne. De son enfance, elle a conservé des dizaines de pots de confiture d’abricot. Tous sont soigneusement étiquetés et indiquent l’année de leur fabrication. Véritable madeleine de Proust, la confiture fait immanquablement jaillir les souvenirs : les jours tranquilles rythmés par les chants de sa mère, Franz, le voisin dont elle était follement amoureuse, ses grandes sœurs qu’elle jalousait secrètement. Et puis la montée du nazisme dans les années 1930, l’arrestation de toute sa famille par les SS, la solitude et la perte des repères. Quand Pola, une jeune danseuse, emménage chez la vieille dame, ses habitudes sont chamboulées. Malgré leurs différences, les deux femmes vont peu à peu se rapprocher et nouer des liens plus forts qu’elles ne l’auraient imaginé. Elle parle d’amour et de liberté, et il n’en faut pas plus pour faire une bonne histoire. »

À propos de l’auteure :
Beate Teresa Hanika est née en 1976, en Bavière. Avant Le Goût sucré des souvenirs, elle a écrit plusieurs romans pour la jeunesse dont Le cri du petit chaperon rouge.

Titre : Le goût sucré des souvenirs
Auteure : Beate Teresa Hanika
Éditeur : Pocket
Date de parution : Février 2019
Traduit de l’allemand : Rose Labourie

La cuisinière d’Himmler

« Le jour de ma naissance, les 3 personnages qui allaient ravager l’humanité étaient déjà de ce monde : Hitler avait 18 ans, Staline 28 et Mao 13. J’étais tombé dans le mauvais siècle, le leur.»

himmler-203x300Arménienne, née en Turquie, en 1907, Rose a subi tous ces grands massacres qui ont fait le 20e siècle – en commençant par le génocide arménien. Devenue orpheline, elle jure de se venger. Recueillie par une famille de paysans à Marseille, sa mère adoptive lui enseignera l’art de la cuisine, entre autre ce fameux flan au caramel avec lequel elle séduira plus d’un homme ! D’ailleurs, on retrouve cette recette à la fin du livre et quelques autres en prime !

En 1940, elle ouvre un restaurant à Paris où, elle y croise Himmler- le chef des SS de Hitler, cet affreux personnage dont les crampes d’estomac le rendront captif de la connaissance des plantes médicinales de Rose. En 1943, on la retrouve à New York avec Nelson Algren. (c’est l’amoureux secret de Simone de Beauvoir), Dans les années 1950, en Chine, avec le couple Sartre /de Beauvoir, elle enrichira sa culture culinaire et érotique. Finalement de retour à Marseille en passant par l’Albanie, ou elle règle ses comptes … elle applique une partie de son credo : Vengeance ! « Jusqu’à mon dernier souffle, je ne croirai qu’aux forces de l’amour, du rire et de la vengeance. » Pour Rose, aucun crime ne restera impuni.

On aime beaucoup !

En parallèle à la Grande Histoire, la petite histoire de cette scandaleuse cuisinière, rencontrant la mort plusieurs fois sur son chemin, mais surtout l’amour … La cuisinière amoureuse dégustera un suave moment  « Un baiser fort en bouche, puissant, gras, riche en alcool, avec un goût de champagne pour commencer, puis de tomme de brebis, de bois pourri, de noisette fraîche, de vieux rhum et de poivre gris en finale. »
Ce roman n’est ni un livre politique, ni un livre historique mais plutôt l’oeuvre d’un journaliste qui sait raconter. À lire sans faute !

Un extrait pour donner la couleur

«… La Petite Provence, mon restaurant marseillais est un résumé de ma vie. Je la vois en regardant défilé la carte des menus, entre autres, le plaki de ma grand-mère, les aubergines à la provençale de Barnabé Bartavelle ou le flan au caramel d’Emma Lempereur.»
À 105 ans, dans son resto de Marseille, elle dira « Alors qu’une moitié de ma carcasse semble partie pour l’autre monde, je n’entends pas la mort qui frappe pour m’emmener chez elle. J’ai beaucoup trop de choses à faire en cuisine, devant mes casseroles, pour prendre le temps de lui ouvrir…»

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Ceci est l’épopée drolatique d’une cuisinière qui n’a jamais eu peur de rien. Personnage loufoque et truculent, Rose a survécu aux abjections de cet affreux 20e siècle qu’elle a traversé sans rien perdre de sa sensualité ni de sa joie de vivre. Entre deux amours, elle a tout subi : le génocide arménien, les horreurs du nazisme, les délires du maoïsme. Mais, chaque fois, elle a ressuscité pour repartir de l’avant. Grinçant et picaresque, ce livre raconte les aventures extraordinaires d’une centenaire scandaleuse qui a un credo : « Si l’Enfer, c’est l’Histoire, le Paradis, c’est la vie ».

Franz-Olivier-Giesbert_pics_390À propos de l’auteur :

Franz-Olivier Giesbert, né en1949 à Wilmington dans l’état du Delaware (États-Unis), est un éditorialiste, biographe, présentateur de télévision et romancier franco-américain, exerçant en France. Directeur du magazine Le Point depuis 2000,  auparavant, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur puis du Figaro Magazine. Tout comme Flaubert qui disait Emma Bovary c’est moi, FOG dira Rose c’est moi !

Pour Giesbert, cette fausse autobiographie extrêmement bien documentée est une occasion de revenir sur l’horreur imposée par tous ces dictateurs qui ont fait le 20e siècle.

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À la fin, une section «PETITE BIBLIOTHÈQUE DU SIÈCLE», offre une sérieuse bibliographie incluant les titres d’auteurs renommés qui nous permettront d’approfondir la véritable histoire de ces grands massacres du 20e

Titre : La cuisinière d’Himmler
Auteur : Franz-Olivier Giesbert
Éditeur : Gallimard
Date de parution : 2013

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