Le cahier de recettes

Des centaines de cahiers ou de livres de recettes se discutent l’espace-tablette de ma Librairie. Voici un véritable coup de cœur pour tous amateurs de littérature gourmande !

Un voyage nostalgique dans le temps qui sollicite tant l’esprit que les papilles et le cœur. Un livre d’amour entre le père, le fils et en filigrane une mère absente.
La transmission de la cuisine française – celle de l’époque, celle des tripiers, et dira-t-il  « Le respect des animaux, c’est important, mort et vivant. Plus encore en cuisine. »
Celle des tripiers, de la hampe-frite au menu et celle du cépage Noah, ce cépage interdit depuis les années 1930 en France – il rend fou, parait-il !

Des recettes camouflées sous quelques lignes littéraires, recettes de crêpes, de mousse au chocolat, de bolognaise, de bœuf aux carottes … ou ce ne sont pas les ingrédients que les gestes du maître qui valent la lecture.

J’ai particulièrement apprécié ce livre… avec quelques irritants dont les références à une vie qui se déroule à Paris…  (Avec l’empressement d’un gardé à vue qui vient de signer son P.-V de sortie). (A ton âge, j’étais obligé de marner dans un fournil…) et surtout (les senteurs de l’été indien – me fait toujours grincer des dents – ils comprendront peut-être un jour que cette expression n’est pas de Jo Dassin mais bien issue de la réalité québécoise. !

Un extrait pour donner la couleur 

On boit, on bouffe, on se gave, on flirte, on dégueule, on reboit. Et toi, tu turbines dans ta cuisine. Tu dresses des coupes de sorbet avec des tuiles. … Fais pas ça mon fils !

Tu prends un poêlon dans lequel tu verses une pluie de sucre en poudre qui fond, ça sent le caramel, tu retires le poêlon du feu et ajoutes du beurre, puis de la crème. Tu étales ce mélange sur une crêpe, dans lequel je mords à pleines dents

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Monsieur Henri, le charismatique patron du restaurant le Relais fleuri, s’est toujours opposé sans explication à ce que son fils Julien devienne cuisinier. Quand il sombre dans le coma, Julien n’a plus qu’une obsession : retrouver le cahier où, depuis son enfance, il a vu son père consigner ses recettes et ses tours de main. Il découvre alors d’autres secrets et comprend pourquoi Henri a laissé partir sa femme sans un mot. Avec ce roman, Jacky Durand nous offre le magnifique portrait d’un homme pour qui la cuisine est plus qu’un métier : le plaisir quotidien du partage et l’art de traverser les épreuves. Une tendre déclaration d’amour filial, une histoire de transmission et de secrets, où, à chaque page, l’écriture sensuelle de l’auteur nous met l’eau à la bouche

À propos de l’auteur :
Jacky Durand est journaliste culinaire. Depuis des années, il sillonne la France pour ses chroniques culinaires dans Libération

Titre : Le cahier de recettes
Auteur : Jacky Durand
Éditeur : Stock
Date de parution : Avril 2019

L’Omnivore

Un suspense gastronomique amoral et épicé

Pour satisfaire la curiosité et les caprices des gens fortunés qui, par essence, sont omnivores, voici  un suspense dont l’action se transforme en un palmarès culinaire de morceaux de choix. L’entomologiste Youri Tremblay eh oui!, raconte comment, afin de répondre aux commandes de ces richissimes clients qui s’amusait à braver les tabous et s’ingénuaient à mêler goût du péché et péché du goût, devra braver les interdits alimentaires en vigueur en terre bouddhiste, musulmane et chrétienne. Un parcours rocambolesque et d’une écriture si fine qu’on résiste à peine à le relire !

Donc, à sa lecture, je me suis amusée à répertorier quelques dégustations spectaculaires, interdites, curieuses, risquées, recherchés par ces clients à lubies !

Quelques désirs satisfaits furent l’utérus de truie sur les pentes du Pinatubo, l’œuf de 100 ans enfoui dans l’Argile pendant des mois en Philippines, la cervelle de singe dans la Casbah algérienne, des pattes de fourmis au Laos, du ragoût de chauve-souris aux Seychelles, le hamburger de baleine en Islande, l’hippocampe séché à Dakar, le pangolin à peau écailleuse en Côte d’Ivoire, la soupe de cabot nord-coréenne, la mue de serpent au Vietnam, la terrine de crocodile en Namibie, le gâteau de hachich à Tanger, le beurre de yak au Boutan et le célèbre fugu japonais… Mais là ne s’arrête pas l’aventure ! L’Ultime tabou sera-t-il transgressé ?

Un extrait pour donner la couleur 

Le cannibalisme avait pourtant traversé de nombreuses civilisations, en particulier les sociétés précolombiennes qui lui avaient appliqué une véritable hiérarchie des convenances : chez les Aztèques, le cœur des suppliciés était réservé aux prêtres tandis que l’empereur se voyait offrir la cuisse. … (154)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Dans une prison de la république de Khirghizie, un avocat globe-trotter entend parler des aventures d’un russo-vietnamien nommé Youri qui, pour satisfaire sa riche clientèle, a fait commerce de mets rares tels, par les nids d’hirondelles, les insectes ou encore les petits singes. Jusqu’à une dernière commande particulièrement étonnante.

À propos de l’auteur :
Né en 1968, Emmanuel Pierrat est avocat et conservateur du Musée du Barreau de Paris. Il est titulaire du certificat de spécialisation en droit de la propriété intellectuelle. Il a publié de nombreux ouvrages juridiques de référence sur le droit de l’édition, la liberté d’expression, le droit du commerce du livre, le droit à l’image. Il a également signé plusieurs essais sur la culture, la justice et la censure. Il est président du Pen Club français, directeur de la Grande Bibliothèque du Droit et pour occuper son temps … Secrétaire général du Musée Yves Saint-Laurent.
Une bibliographie exceptionnelle d’une centaine de livres qu’on retrouve d’ailleurs à la fin de ce  dernier roman L’Omnivore.

Titre : L’Omnivore
Auteur : Emmanuel Pierrat
Éditeur : Flammarion
Date de parution : 2019

Crimes et condiments

Voltaire mène l’enquête

crimes et condiments
Ce polar réunissant éloquence et précisions historiques plaira aux curieux du Siècle des lumières et de ce philosophe français qui a marqué le 18e siècle.
Un foisonnement d’amis des arts de la table préoccupés par une enquête sur les traces d’un assassin, de même que par le trafic des épices péruviennes prennent le temps d’en discuter autour de menus quelquefois surprenants. Que penser de ces « tétines de chevreuil, blanchies à l’eau, coupées en rondelles, frites au citron, cuites en ragoût, hachées, mises en omelette, façon rognons. » Et Bon appétit ! Voltaire, entouré d’amis épicuriens aux noms peu communs, notamment Monsieur Béchameil, du cuisinier Jean-Robert Vinaigrette, «c’est un nom prédestiné…» et du cuistot
« Hippolyte Ragoût, il s’appelle réellement Ragoût ? ça ne s’invente pas, dit Voltaire».
Les intrigues et les festins s’entremêlent…  voilà qui rend la lecture savoureuse.

Un extrait pour donner la couleur 

« On leur présenta une volaille servie dans une énorme barbotine en forme de tourterelle. En ces temps de course effrénée au progrès, la mode de l’innovation s’était étendue à l’Art culinaire​. « Le cuisinier de la princesse avait créé pour elle le pigeon à la Lixen . Après avoir eu le cou tordu, l’animal avait été longuement frappé au battoir de manière à briser chacun de ses os, ses organes avaient été mis au pressoir pour en extirper le jus, la peau exposée au feu pour la rendre croquante. Le sang, mêlé de citron pour l’empêcher de se figer, avait été tamisé, délayé de jaune d’œuf, agrémenté de persil haché. Voltaire espéra que la victime n’avait pas trop souffert… » (p.54)

 

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Prenez un philosophe bien à point, faites-le mariner, lardez quelques victimes, laissez mijoter les suspects, assaisonnez de quelques scandales, pimentez l’intrigue, salez les rebondissements, saupoudrez de dialogues croustillants, enrobez dans un style onctueux et servez chaud.
En pleine révolution culinaire, Voltaire enquête sur les traces d’un assassin qui sème derrière lui, tartes au cyanure et ragoûts à l’arsenic. L’aide de la brillante marquise du Châtelet, experte en recherches scientifiques, et de l’abbé Linant, fin gourmet, ne sera pas de trop pour rendre l’appétit aux gastronomes !

À propos de l’auteur :
Spécialiste du polar historique,  Frédéric Lenormand ajoute une pointe d’ironie philosophique et crée ainsi la série Voltaire mène l’enquête. Il a reçu en 2011, le Prix Arsène Lupin, le Prix de Montmorillon et le Prix Historia du polar historique.

 

Titre : Crimes et condiments
Auteur: Frédéric Lenormand
Éditeur : JC Lattès et Livre de poche – policier
Date de parution : 2014

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La meilleure d’entre nous

Ode aux plaisirs des sens !

La meilleure d'entre nousJulie et Julia a fait un quelques petits … c’était à prévoir puisque l’idée était géniale.
Cette fois-ci, l’activité se passe autour de la pâtisserie anglaise, donc, nous pénétrons dans les coulisses d’un concours de pâtisserie, organisé par une grande chaîne d’alimentation. Ce concours a pour but de remplacer Kathleen Eaden, auteure d’un livre de cuisine célèbre publié à Londres en 1966. Les participants, 4 femmes 1 homme, (plutôt discret d’ailleurs), tous et toutes très compétitifs agressifs, mais qui, au fil de la lecture deviennent pourtant sympathiques. On s’attache à leur histoire teintée d’angoisse névrotique, à ces cœurs blessés qui ne désirent, au fond, que se reconstruire, et renouer avec leurs rêves de jeunesse. Ce tournant de vie exigera un dépassement de soi, et chacun à sa façon, tentera de l’atteindre. Par moment, on a l’impression d’assister à ces concours télévisés du genre « Qui sera le prochain grand pâtissier ? »

Les citations extraites de la célèbre pâtissière, en début de chaque chapitre, nous introduisent à chaque étape du concours. Ne serait-ce que pour cette immersion  dans l’Angleterre des années 1960, la lecture en vaut le coup ! Elle a cette réflexion sensée et sensuelle d’une Julia Child mais aussi la maitrise de l’art et de la discipline qui se résume simplement ainsi « N’oubliez pas : la pâtisserie est une preuve d’amour. »

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Un extrait pour donner la couleur

« Notre objectif est d’évaluer votre cuisson à blanc de la pâte. Pouvez-vous préparer un fond croustillant et doré à point avant d’ajouter l’appareil ? Nous ne voulons pas d’une pâte pâle et insipide, pas plus que d’une pâte brûlée. Nous attendons une garniture savoureuse qui ne déborde pas, et nous aimerions que vous gardiez à l’esprit la dimension esthétique. Kathleen Eaden était célèbre pour son usage raffiné de la couleur : de minuscules fleurettes de brocolis avec des pétales de saumon, de la betterave associée à du fromage de chèvre, des rondelles de tomates et de courgettes, ou même de la courge butternut avec du stilton. En résumé, vous devez exprimer, à parts égales, votre côté artistique et votre sens de l’innovation. Installée à l’un des postes près de la table des juges, Jenny s’affaire … » (p.261)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Prenez cinq personnes qui n’ont absolument rien en commun, sauf la passion de la cuisine.
Ajoutez une compétition échevelée et montez en neige. Réchauffez jusqu’à obtenir le bon degré de tension. Tempérez avec l’histoire d’une pâtissière célèbre qui les inspire toutes. Dégustez par
bouchées volées, ou dévorez d’une seule traite.

À propos de l’auteure: sv
Après des études d’anglais à Oxford, Sarah Vaughan s’est consacrée au journalisme. Elle a travaillé plus de 10 ans au Guardian avant de publier La Meilleure d’entre nous, son premier roman. Elle vit près de Cambridge en Angleterre.

Auteur : Sarah Vaughan
Éditeur : Préludes
Date de parution : 2015
Traduction de l’anglais par Alice Delarbre (The Art of Baking Blind)

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Des pêches pour monsieur le Curé

0110-300x454J’ai tellement aimé CHOCOLAT, ce best-seller paru en 1999, voici la suite ! Difficile d’avancer dans la lecture Des pêches … sans revoir ces amoureux et tous ces personnages vivant dans ce hameau du sud-ouest français, immortalisé au cinéma par le couple Juliette Binoche / Johnny Depp.

Donc 8 ans se sont écoulés, voilà que Vianne, cette bombe chocolatière reçoit une missive, signée de feue sa vieille amie Armande lui indiquant que rien ne va plus dans son petit village d’adoption.

Le conflit entre l’homme en noir – le curé Reynaud, l’ennemi de Vianne de l’époque, et la femme en noir, Inès Bencharki, sous son sombre niqab qui recouvre l’entièreté de son corps – résume cette tension entre la communauté catholique et la nouvelle communauté musulmane, récemment installée aux Marauds.

Les nouveaux arrivants, responsables de ce bouleversement dans la petite communauté, transportent avec eux leurs histoires, leurs secrets et leurs angoisses … Inès, cette musulmane qui semble avoir envoûté toutes les femmes du village, de même que l’obsédante présence de Karim le charmeur maladif connaîtront un dénouement inattendu !

La convivialité autour de la nourriture

De nouveau, tout est prétexte à se laisser envoûter par les douceurs cuisinées par Vianne. «Offrir de la nourriture revenait à tendre une main amicale. L’accepter, c’était être adopté par la plus recluse des communautés.»

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Des interrogations : Est-ce si important de présenter Anouk la fille ado de Vianne  accro de son téléphone et de Facebook et le nouveau curé qui présente ses sermons sur PowerPoint … un peu plus d’amour entre Roux et Vianne m’aurait plu – son arrivée discrète au village, par voie d’eau-comme il se doit est trop rapidement esquinté …

À lire pour l’histoire très contemporaine de l’intégration des communautés et de leur arrivée massive dans différentes régions, de même que pour cette chocolatière qui provoque une kyrielle d’émotions extrêmes chez les villageois qui auront à confronter son énergie.

Un extrait pour donner la couleur :

Impossible de ne pas ajouter la fameuse recette de Confitures de pêches

« Nous n’allons pas les cuire aujourd’hui. On va les laisser macérer toute la nuit. Un kilo de sucre pour la même quantité de fruits, sans compter les feuilles et les noyaux, bien sûr. On les coupe en tranches dans une casserole de cuivre. Le cuivre c’est ce qu’il y a de mieux pour la cuisine parce qu’il chauffe plus vite. On ajoute le sucre. (…) Ensuite on ajoute la cannelle, ai-je annoncé. En bâtons cassés en deux, pas en poudre. Deux ou trois devraient suffire…» On recouvre la marmite d’un chiffon et on l’oublie pour la nuit.
Demain matin, on allumera la cuisinière et on remuera jusqu’à ce que la confiture commence à bouillir. Il ne faudra pas la laisser plus de quatre minutes à ébullition. On la mettra dans des pots pour l’hiver prochain. »
Elle m’a jeté un coup d’œil rapide. « L’hiver ? – Bien sûr, je ne serai plus là, ai-je déclaré. Mais la confiture est meilleure en hiver. Lorsque les nuits sont longues et que l’air est gelé, ouvrir l’un de ces ports c’est faire renaître le soleil… !»

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Lorsque Vianne Rocher reçoit une lettre d’outre-tombe, elle n’a d’autre choix que de suivre le vent qui la ramène à Lansquenet, petit village du sud-ouest de la France où elle avait ouvert une chocolaterie, huit ans plus tôt. Vianne n’est pourtant pas préparée à ce qu’elle va découvrir : des femmes voilées de noir, le parfum des épices et du thé à la menthe… De nouveaux arrivants ont apporté leur part de changement dans la communauté où les traditions ont toujours occupé une place importante.

Joanne-Harris-c-Kyte-PhotographysmallÀ propos de l’auteur :
Née à Barnsley en 1964 d’une mère française et d’un père anglais, Joanne Harris est l’auteur de huit romans à succès dont Chocolat, Les cinq quartiers de l’orange, Vin de bohème et Le Rocher de Montmartre. « La créativité et la rigidité ne font pas bon ménage », dira Madame Harris lors d’une séance de signature à la Librairie Gourmande le dimanche 13 novembre 2013. J’abonde !

Titre : Des pêches pour monsieur le Curé
Auteur : Joanne HARRIS
Éditeur : Hurtubise, 2013
Éditeur : Folio 2014
Traduction de l’anglais par Gaëlle Rey

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