Mãn

7051-300x512Une personnalité attachante, fluide, joviale… Lors du colloque Raconter l’aliment, à l’Université Concordia, en mai 2015, Kim Thuy raconte ses souvenirs avec moult détails … un long sourire sur son visage nous fait comprendre qu’elle a fait la paix avec cette période sombre de son exode.
Kim raconte ce magnifique Mãn de tous les désirs, où la nourriture a différentes fonctions, mais essentiellement pour séduire, pour plaire, et aussi pour soigner les cœurs meurtris. « La manipulation de l’aliment nous rapproche du corps. C’est toujours un équilibre fragile, que les doigts ressentent mieux que les mots ne semblent expliquer.»

On découvre à travers ce beau texte l’héritage culinaire français, envahisseur du Vietnam pendant 100 ans. Aujourd’hui la cuisine de Kim, cuisine métissée, comme elle le dit, est un mariage de l’Est et de l’Ouest « comme ce gâteau dans lequel les bananes s’inséraient tout entières dans la pâte de baguette de pain imbibées de lait de coco et de lait de vache. » Lire Kim Thuy c’est pénétrer dans un monde de souvenirs amoureux.

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Un extrait pour donner la couleur

« Mais avant le départ de sa mère, elle avait eu le temps d’apprendre à extraire le lait de la noix de coco en pressant dans ses paumes les boules de chair émiettée imbibée d’eau chaude. Les mères enseignaient à  leurs filles à cuisiner à voix basse, en chuchotant afin d’éviter le vol des recettes par les voisines, qui pourraient séduire leurs maris avec les mêmes plats. Les traditions culinaires se transmettaient en secret, tels des tours de magie, entre maître et apprenti, un geste à la fois, selon le rythme du quotidien. Dans l’ordre naturel, les filles apprenaient donc à mesurer la quantité d’eau pour le riz avec la première phalange de l’index, à tailler les « piments vicieux » avec la pointe du couteau pour les transformer en fleurs inoffensives, à éplucher les mangues de la base à la pointe pour ne pas contredire le sens des fibres. » (p. 12)

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Mãn parle de l’amour à l’envers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut être vécu, celui qui ne doit pas s’inscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu d’un nouveau début, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, près du corps, dans la lenteur aérienne des flocons de neige, il y a eu un amour à l’endroit, c’est-à-dire un amour ordinaire né d’une rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui était pour elle l’extraordinaire, l’improbable. Mãn, c’est l’apprentissage du mot « aimer »

À propos de l’auteure: mo_thuy1000
Kim Thúy est née à Saïgon en 1968. Elle a quitté le Vietnam en « boat-people » avec ses parents à l’âge de 10 ans; ils se sont installés au Québec en tant que réfugiés vietnamiens.
Kim Thúy est diplômée en linguistique et en droit. Elle a alors été traductrice, interprète, avocate, restauratrice, chroniqueure et, depuis 2009, romancière et récipiendaire de nombreux prix.

Titre : Mãn
Auteur : Kim Thuy
Éditeur : Libre Expression
Date de parution : 2013

Pour vous le procurer

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Le restaurant de l’amour retrouvé

Un roman lumineux et délicieux !

 

U9782809710724Un soir en rentrant chez elle, Rinko, jeune femme de 25 ans, trouve l’appartement vide, son amour s’est enfui avec la multitude de souvenirs qui unissait le couple. Devenue muette sous le choc, elle retourne dans son village natal où vit sa mère excentrique et ivrogne qui lui cède la vieille remise dans laquelle elle décidera d’ouvrir un restaurant. Après quelques temps, elle constate que sa cuisine semble posséder le pouvoir d’exaucer les souhaits de ses convives. En utilisant les techniques apprises de sa grand-mère, elle leur cuisinera un plat personnalisé, selon le désir de chaque client, avec la vertu magique d’ouvrir la porte de leurs émotions enfouies.

La jeune Rinko dont l’épice secrète est l’amour nous touche par sa générosité. Un passage très japonais, celui du banquet annuel de fugu, ce champignon mortel où l’on boira le Cristal rosé, qui , d’ailleurs est le champagne préféré de Céline Dion !!!

Rien de meilleur que du fugu pour partir en beauté, dira-t-elle ! Ce passage est savoureux en voici un extrait qui vous donnera le goût de lire ce livre !!

Un extrait pour donner la couleur :

« Depuis quelques temps, on disait que de grands chefs à la renommée mondiale s’intéressait au poisson-globe japonais. Moi aussi, même tardivement, je souhaitais découvrir l’attrait du fugu. (…) Néocon, a tiré d’un sac son couteau à fugu et s’est attelé à la préparation des sashimi (…) Enfin, les convives tous réunis, le banquet a commencé. Tous étaient des gourmets qui attendaient ce jour avec impatience. Néocon avait apporté du champagne, un Cristal Rosé, s’il vous plaît. En vérité, ma mère en raffolait. J’en avais vu une bouteille un jour, à travers la vitrine d’un marchand de produits de luxe d’importation. Bien sûr, j’en avais jamais bu mais je savais qu’il était hors de prix. Tous les convives ont dévoré les plats en silence, ils en oubliaient de parler. Ça devait être cela la béatitude. Enfin l’heure de la « roulette empoisonnée » que tous attendaient avec impatience a sonné … »

 Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

Une jeune femme de vingt-cinq ans perd la voix à la suite d’un chagrin d’amour, revient malgré elle chez sa mère, figure fantasque vivant avec un cochon apprivoisé, et découvre ses dons insoupçonnés dans l’art de rendre les gens heureux en cuisinant pour eux des plats médités et préparés comme une prière. (…)
Un livre lumineux sur le partage et le don, à savourer comme la cuisine de la jeune Rinco, dont l’épice secrète est l’amour.

 À propos de l’auteur : AVT_Ito-Ogawa_3459

Née en 1973, Ogawa Ito est l’auteur de livres pour enfants et fait partie du groupe de musique Fairlife. Le Restaurant de l’amour retrouvé, son premier roman, est un best-seller au Japon et a été adapté au cinéma, en 2010, par la réalisatrice Mai Tominaga.

 

Titre : Le Restaurant de l’amour retrouvé
Auteur : Ito OGAWA
Éditeur : Philippe Picquier, coll. Picquier poche
Date de parution : 2013
Traduction du japonais par Myriam Dartois-Ako

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