Chef !

Un roman nostalgique, mélancolique, mais ô combien empreint de réflexions sur une vie remplie de doutes envahissants. D’entrée de jeu, le jeune enfant s’interroge « Maman, qu’est-ce qui nous manque le plus quand on est mort ? »

Un roman nostalgique, un roman initiatique également … Kirpal, ce cuisinier à la retraite apprend qu’il est atteint d’une maladie mortelle, au moment où il reçoit une missive de son ancien employeur, lui demandant de réaliser le repas de noce de sa fille.

Au cours de ce long voyage en train, qui le mènera de Delhi au Cachemire, il se remémore les débuts de sa carrière de cuisinier, les préparations raffinées de son mentor qu’il appelait Chef, l’apprentissage des parfums, des saveurs, des odeurs dont celles accolées à l’amour, et particulièrement à l’amour interdit avec une Pakistanaise, ennemie et espionne, n’oublions pas qu’il est Indien.

Un magnifique roman, qui nous amène sur le glacier Siachen où il a travaillé, un des hauts points du monde où le thermomètre peut descendre jusqu’à – 50 degrés. On vit le conflit indo-pakistanais et la situation du Cachemire situé entre ces 2 puissances nucléaires, on est imprégné également du mépris et de la haine entre hindous et musulmans, – et de ces guerres qui n’en finissent jamais … Et avec plaisir, on découvre les charmes de la cité, l’ambiance des petits restos de campagne, les fêtes de village évidemment toujours arrosées de bons vins… où tout le monde prend le temps de se rencontrer en fin de journée.
Ce roman culinaire et sensuel, demeure un livre mystérieux dont le coeur semble impénétrable. Serait-ce pour combler en partie cette lacune, qu’on trouve un lexique, en fin de livre !

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Un extrait pour donner la couleur 

« Idéalement, je voulais devenir un légume. Les légumes ne redoutaient rien. Les carottes baisaient la terre. La vie sexuelle des carottes et des oignons était meilleur que la mienne. Les courgettes faisaient scandaleusement l’amour aux paneer, champignons, ail et tomates. Le basilic se nichait au plus profond de pâtes bien gonflées, aux noms plus sexy que la forme. »

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

Un long voyage l’attend, de Delhi aux hauteurs enneigées du Cachemire, qu’il a fui quatorze ans plus tôt… Bercé par le rythme lent du train, Kip se remémore le froid polaire et les vents déchaînés soufflant la discorde sur la frontière indo-pakistanaise. C’est là pourtant qu’il apprit à mêler saveurs et parfums, comme il associe aujourd’hui cuisine, amour, et espoirs passés autour du souvenir d’une femme…

À propos de l’auteur : article-1268764610413-08BC8758000005DC-124162_636x411

Né en 1969 au Penjad, Jaspreet Singh a grandi dans la région du Cachemire et dans plusieurs villes de l’Inde, son père étant militaire de carrière. Il s’installe en 1990 à Montréal, où il obtient un doctorat en ingénierie chimique de l’Université McGill. Après une carrière de chimiste, il décide de prendre la plume. Chef, son premier roman a remporté en 2009 le Canadian Authors Association Literacy Award.

Titre : Chef ! cachmire
Auteur : Jaspreet SINGH
Éditeur : Pocket
Date de parution : 2011
Traduction de l’anglais par Laurence Videloup

 

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Le festin indien

Un pays ne se révèle jamais mieux que par sa cuisine

6847-300x498Chitrita est invitée à un mariage qui aura lieu dans sa ville natale. À travers ce Festin indien, ce sera la re-découverte de la cuisine de l’Inde, ce pays qui compte plus d’1 milliard d’habitants, avec leurs exigences et leurs interdictions, qu’ils soient hindouistes, sikhs, islamistes, musulmans ou chrétiens. Elle raconte de façon magistrale la cuisine juive de Calcutta, la cuisine anglo-indienne et ses currys, la cuisine portugaise sucrée, la cuisine ayurvédique et le rapport avec le corps, les bengalis qui raffolent du poisson, l’abondance excessive lors d’un festin nuptial, ainsi que la cuisine de rue qui constitue presque le quotidien de ce pays.

Surprenante réflexion sur ce rapport avec la nourriture à travers les rites, les religions, notamment sur cette façon qu’ont les Indiens de se nourrir par le contact sensuel de la main à la bouche, alors qu’en Occident, c’est à l’aide d’un ustensile fait d’acier froid et acéré …

Ce livre, de près de 400 pages, est un véritable carnet de voyages à travers l’Inde culinaire moderne teinté de toutes ces influences d’envahisseurs, de conquérants et d’immigrants. Au hasard des rencontres, on humera les parfums de cardamome, de cannelle, de tamarin, on traversera les marchés, les bouis-bouis perdus, les palaces tout en dorures et, avec émotion, on partagera ses souvenirs d’enfance.

À lire, pour tout amateur de cuisine indienne, mais surtout amateur de récits de voyage dans son pays d’épices, comme Chitrita se plaît à l’appeler.

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)

On découvrira ici que la civilisation indienne a toujours eu une insatiable, presque enfantine curiosité pour l’étranger et les nouveaux produits qu’il amenait avec lui et c’est pourquoi elle propose une telle variété de cuisines distinctes, formées par les vagues successives d’arrivées, d’invasions, de conquêtes et d’assimilations où se croisent les influences des Perses, des anciennes tribus aryennes, des Juifs du Moyen Orient, des Mongols, des Arabes, des Européens aussi, chacun apportant des techniques nouvelles, trouvant du coup de nouvelles manières d’associer l’infinité variété des épices, des graines, du safran à la moutarde, aux légumes, aux céréales, aux poissons qu’ils découvraient.

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À propos de l’auteur : AVT_Banerji-Chitrita_7255.pjpeg

Chitrita BANERJI est née en 1947 à Calcutta. Diplômée de l’Université Havard, elle s’est imposée comme écrivain voyageur et historienne de la cuisine bengalie. Auteure de plusieurs livres qui traitent du rapport entre l’histoire, la religion et la culture culinaire de son pays d’origine, aujourd’hui, elle vit à Cambridge (Massachusetts). Elle a reçu de
nombreux prix et honneur dont en 2006 celui de Best American Travel Writing.

Titre : Le Festin indien
Auteur : Chitrita BANERJI
Éditeur : Hoëbeke, coll. Étonnants voyageurs
Date de parution : 2011
Traduction de Eating India: An Odyssey into the Food and Culture of the Land of Spices,

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Des pêches pour monsieur le Curé

0110-300x454J’ai tellement aimé CHOCOLAT, ce best-seller paru en 1999, voici la suite ! Difficile d’avancer dans la lecture Des pêches … sans revoir ces amoureux et tous ces personnages vivant dans ce hameau du sud-ouest français, immortalisé au cinéma par le couple Juliette Binoche / Johnny Depp.

Donc 8 ans se sont écoulés, voilà que Vianne, cette bombe chocolatière reçoit une missive, signée de feue sa vieille amie Armande lui indiquant que rien ne va plus dans son petit village d’adoption.

Le conflit entre l’homme en noir – le curé Reynaud, l’ennemi de Vianne de l’époque, et la femme en noir, Inès Bencharki, sous son sombre niqab qui recouvre l’entièreté de son corps – résume cette tension entre la communauté catholique et la nouvelle communauté musulmane, récemment installée aux Marauds.

Les nouveaux arrivants, responsables de ce bouleversement dans la petite communauté, transportent avec eux leurs histoires, leurs secrets et leurs angoisses … Inès, cette musulmane qui semble avoir envoûté toutes les femmes du village, de même que l’obsédante présence de Karim le charmeur maladif connaîtront un dénouement inattendu !

La convivialité autour de la nourriture

De nouveau, tout est prétexte à se laisser envoûter par les douceurs cuisinées par Vianne. «Offrir de la nourriture revenait à tendre une main amicale. L’accepter, c’était être adopté par la plus recluse des communautés.»

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Des interrogations : Est-ce si important de présenter Anouk la fille ado de Vianne  accro de son téléphone et de Facebook et le nouveau curé qui présente ses sermons sur PowerPoint … un peu plus d’amour entre Roux et Vianne m’aurait plu – son arrivée discrète au village, par voie d’eau-comme il se doit est trop rapidement esquinté …

À lire pour l’histoire très contemporaine de l’intégration des communautés et de leur arrivée massive dans différentes régions, de même que pour cette chocolatière qui provoque une kyrielle d’émotions extrêmes chez les villageois qui auront à confronter son énergie.

Un extrait pour donner la couleur :

Impossible de ne pas ajouter la fameuse recette de Confitures de pêches

« Nous n’allons pas les cuire aujourd’hui. On va les laisser macérer toute la nuit. Un kilo de sucre pour la même quantité de fruits, sans compter les feuilles et les noyaux, bien sûr. On les coupe en tranches dans une casserole de cuivre. Le cuivre c’est ce qu’il y a de mieux pour la cuisine parce qu’il chauffe plus vite. On ajoute le sucre. (…) Ensuite on ajoute la cannelle, ai-je annoncé. En bâtons cassés en deux, pas en poudre. Deux ou trois devraient suffire…» On recouvre la marmite d’un chiffon et on l’oublie pour la nuit.
Demain matin, on allumera la cuisinière et on remuera jusqu’à ce que la confiture commence à bouillir. Il ne faudra pas la laisser plus de quatre minutes à ébullition. On la mettra dans des pots pour l’hiver prochain. »
Elle m’a jeté un coup d’œil rapide. « L’hiver ? – Bien sûr, je ne serai plus là, ai-je déclaré. Mais la confiture est meilleure en hiver. Lorsque les nuits sont longues et que l’air est gelé, ouvrir l’un de ces ports c’est faire renaître le soleil… !»

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Lorsque Vianne Rocher reçoit une lettre d’outre-tombe, elle n’a d’autre choix que de suivre le vent qui la ramène à Lansquenet, petit village du sud-ouest de la France où elle avait ouvert une chocolaterie, huit ans plus tôt. Vianne n’est pourtant pas préparée à ce qu’elle va découvrir : des femmes voilées de noir, le parfum des épices et du thé à la menthe… De nouveaux arrivants ont apporté leur part de changement dans la communauté où les traditions ont toujours occupé une place importante.

Joanne-Harris-c-Kyte-PhotographysmallÀ propos de l’auteur :
Née à Barnsley en 1964 d’une mère française et d’un père anglais, Joanne Harris est l’auteur de huit romans à succès dont Chocolat, Les cinq quartiers de l’orange, Vin de bohème et Le Rocher de Montmartre. « La créativité et la rigidité ne font pas bon ménage », dira Madame Harris lors d’une séance de signature à la Librairie Gourmande le dimanche 13 novembre 2013. J’abonde !

Titre : Des pêches pour monsieur le Curé
Auteur : Joanne HARRIS
Éditeur : Hurtubise, 2013
Éditeur : Folio 2014
Traduction de l’anglais par Gaëlle Rey

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