Treize à table

Déjà en ouverture un cocktail du Royal, joli bar rue Mont-Royal à Montréal, fait office d’attrait. En finale, quelques recettes qui ont inspiré Chrystine Brouillet, la gourmande que l’on aime, et la co-instigatrice de ce recueil … La table est mise pour « ce banquet d’auteurs ».

13 textes si différents, si révélateurs du plaisir solitaire et rapide de l’essayiste, et en finale une nouvelle éblouissante de Ian Manook, ma découverte!

Chrystine Brouillet – Dame de cœur, Dame du Pic – Pleut-il sur Paris – on s’en fout !  Chrystine la gastronome est chez cette Anne-Sophie Pic. Un délire de mots pour déguster une fraction de cette sublime chef, qui un jour à Montréal en lumière a demandé qu’on l’amène à MA librairie ! Y a des honneurs intimes comme ça !  Mais manger à SA table, je n’en ai que rêvé…

Michel-Marc Bouchard – Des confitures pour Pina Bausch : fascinant ! je crois qu’on l’a tous ce syndrome de la soupe aux poireaux. Tous ces personnages mis en scène, de la fumeuse Pina Bausch, à l’étonné Michel Tremblay, en moins de 10 pages …  fascinant le travail du dramaturge ! Rire en lisant c’est aussi un plaisir ! Un exercice d’écriture, rien de moins … Et j’ai tellement aimé ce Pina de Win Wenders !

Michèle PlomerMoucheuse – Beau texte d’un maître qui donne à la jeune fille les secrets du mouchage, mais aussi simplement de la vie ! « Ce n’est pas avec la volonté qu’on attrape le poisson, c’est avec de la patience et de la technique ! »

Geneviève Brouillette – L’Art de la déshydratation – Les subtilités de déshydrater jusqu’à en vomir sa frustration ! Une montée cinématographique des années 50 à la Sunset Boulevard !

Rafaëlle Germain – Catherine –  Une odeur exquise…une mise en situation – quelques lignes … un rêve d’écrire ce que deviendrait cette jeune personne …  et pour votre info, lecteurs avides… il faut lire Michelle Barrière, la romancière qui livre les mystères des cuisines du Moyen-Âge dont rêve Rafaëlle !

Patrice Godin – La faim irrationnelle et hallucinante du coureur et de la bête sauvage qui sommeille en luiCe récit s’inspire du Bigfoot 200 mile autour du mont Saint-Helens200 milles qui mène aux hallucinations, à l’épuisement, à la faim, « la faim y était … pas l’appétit » !

Annie l’ItalienLe dernier – Le frigo toujours plein, la nourriture était l’élément de séduction et demeure l’élément utilisé après une mort trop froide.

François LévesqueLe temps des pommes – Un texte nostalgique, d’une mère vieillissante qui se souvient « avoir appris à ne rien gaspiller » ! Beaucoup de mots, beaucoup de douleurs.

Michel JeanMush – Un coup de cœur, comme sous-entend l’étiquette de l’autre libraire !! Mush signifie orignal, « une bonne chère pour les Blancs mais pour nous c’est le roi de la forêt. » « Sans lui, les Innus n’auraient pas survécu ! Chez nous avant de le manger, on accroche un os de l’animal à la branche d’un arbre, c’est une marque de respect pour la bête qui nous permet de vivre ». Et toute cette émotion face à cette culture enfouie … Voilà, ces 10 pages mérite le livre !

Samuel LarochelleLes cocos – Quelques pages pour faire la paix avec un coin de pays, un coin de vie… imbibé d’une saveur de tarte aux pommes à la cannelle !!

Erika SoucyUn mirage à Malaga – 3 pages sur le bien-être pour découvrir le goût inoubliable d’une seule olive et du reste de la vie ! Surprenant court texte …

Geneviève LefebvreEl hambre de mi corazôn –Un monde si vrai et si 2000… Comme un conte de fée avec quelques interstices qui permettent d’entrevoir la vraie lumière de l’artiste. Espérame !

Ian Manook Mez mama – Une nouvelle éblouissante, un choc saisissant… on le devine mais on n’ose pas … ! Un univers bien réel loin de nous et pourtant … Merci pour cette vérité qui me hante : « Ce qui tient un peuple, autant que la langue et l’histoire, c’est la bouffe. » et moi j’y crois, faut passer au Conservatoire culinaire du Québec, situé dans l’École des métiers de la restauration. Vous y trouverez l’histoire de la cuisine d’ici, moins violente mais qui détermine notre histoire!

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Au cœur de nos histoires les plus intimes, les plus étonnantes, les plus révélatrices s’inscrit fort souvent la nourriture. Inspirées par cette thématique alléchante et guidées par le plaisir des sens, Chrystine Brouillet et Geneviève Lefebvre ont attablé treize auteurs de grand talent. Au menu : de savoureuses nouvelles en tous genres, où se courtisent des univers aussi distincts que complémentaires. Certaines saveurs rencontrées au détour des voyages, à travers les hasards du quotidien détiennent le pouvoir de changer nos vies. Que ce soit l’odeur de la tarte aux pommes de notre enfance, le parfum délicat de l’amitié lors d’un repas gastronomique, en passant par des confitures pour Pina Bausch, de simplissimes œufs au réveil, une soupe aux poireaux, le canard aux pêches d’un rebelle andalou, les boulettes de viande fort surprenantes d’un mercenaire ou le goût inoubliable d’une olive croquée sur une terrasse de Malaga, tous ces bonheurs sont blottis dans nos mémoires.

À propos des auteur.e.s : 13 auteur.e.s – 13 courtes biographies qui auraient été appréciées, un reproche, j’aurais aimé avoir quelques mots de présentation de chaque auteur comme mise en situation.

Titre : Treize à table – Nouvelles
Auteur.e.s : Treize auteur.e.s
Éditeur : Druide
Date de parution : 21 février 2018

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Les cuisines du grand Midwest

Mon coup de cœur de l’été 2017

L’art de la mise en scène est un talent et Stradal le maîtrise magnifiquement bien !
Ici tout est « stagé », et j’ai l’impression qu’une place m’est toujours réservée, soit à la table ou dans l’auto, sur une terrasse fréquentée de Loring Park, à la chasse avec Jordy, au concours de barres à la Foire du comté !
Les personnages arrivent un à un, se déplacent autour du destin d’Éva, cette fascinante croqueuse de piments … On découvre discrètement sa voie, tracée à l’origine de la cuisine du papa qui concocte pour sa bébé-fille des plats sophistiqués jusqu’à ce somptueux repas qui l’installe, quelques dizaines d’années plus tard, à la cuisine d’une des grandes tables gastronomiques du pays.
Mais, autour d’elle se tisse également des vies de personnages blessés, fragilisés par le temps … jusqu’au chapitre final qui scelle la destinée d’Éva.

Quoique le traducteur ait peut-être abusé du merde, du putain et du putain de merde, «Les cuisines du grand Midwest» demeure mon coup de cœur de l’année.

Un extrait pour donner la couleur 

Qui n’aime pas les barres ? Assise dans la cuisine, elle dressa mentalement la liste de toutes les personnes qu’elle connaissait qui aimaient les barres, que ce soient les Rice Krispies, légères et croustillantes, les barres au citron, sucrées et acides, ou les barres au chocolat et au beurre de cacaouète, lourdes. Les  enfants aimaient les barres, les adolescents aimaient les barres … Pat n’aimait pas se faire mousser, mais ses barres au beurre de cacaouète avaient décroché le trophée de la Meilleure Barre à cinq reprises ces six dernières années. Toutefois, elle ne pouvait pas se reposer sur ces lauriers car il y avait quelques barres sacrément bonnes en face. Comme les barres à la cerise et au moka de Sandra, les barres aux raisins secs et à la crème aigre de Frances, les barres au citron de Corrina et les barres au caramel Kraft de Barb … (suivent quelques recettes de barres…!)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Grâce à l’éducation que lui a donnée son père, Eva Thorvald est une surdouée du goût, un prodige des saveurs. Étape après étape, des fast-foods aux grands restaurants, des food trucks aux dîners privés, elle va devenir un grand chef, à la fois énigmatique et très demandé. Tous ceux qu’elle croise la regardent avec admiration ou jalousie. Mais ce don unique vient aussi d’une blessure qui, malgré le talent, ne cicatrise pas. Eva cuisine comme d’autres peignent, écrivent ou composent. Pour retrouver un peu de sérénité et le paradis perdu de l’enfance. Avec Les cuisines du grand Midwest, J. Ryan Stradal signe une vaste fresque qui, à travers la gastronomie, explore tous les milieux sociaux des États-Unis. Un roman initiatique, réaliste et poignant, porté par une impressionnante maîtrise.

À propos de l’auteur :
J. Ryan Stradal est originaire du Midwest américain. Les cuisines du grand Midwest est son premier roman. Il est également scénariste et auteur de nouvelles.

Titre : Les cuisines du grand Midwest
Auteur : J. Ryan Stradal
Éditeur : Rue Fromentin
Date de parution : 2017
Traduction de l’américain par Jean Esch
Titre original : Kitchens of the great Midwest

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L’Ordre du Méchoui

Ou la passion de l’art de la broche

lordre-du-mechouiUn rendez-vous passionnant avec le monde culinaire du siècle dernier! Le désir d’apprentissage s’impose au rythme des déplacements du narrateur Sans Loi, devenu membre errant afin de perfectionner ses techniques et, de ce fait, en assurer une pérennité populaire, dira-t- il. Un parcours initiatique à travers les grandes cultures culinaires du monde.

Cette aventure est prétexte à raconter l’histoire de l’art de la broche – le titre me semble quelque peu réducteur… Un passage au Savoy et la rencontre avec César Ritz et Escoffier, aux cuisines du palais de Schonbrunn, à NY, se lie au Cirque Barnum, travaille chez les Vanderbilt à Newport, apprend à maitriser l’art des aiguilles chinoises et finalement fait son entrée au Québec par Grosse-Ile, comme il se doit. De plus, son parcours initiatique lui vaut la rencontre avec ses maîtres : maîtres d’armes, de cirque, d’acupuncture, d’ayurvéda et d’écriture. Une question me turlupine : la cuisine anglaise est-elle vraiment une des pires abominations … ! Peut-être quelques comptes à régler … ?

On comprend que peu de femmes aient eu le goût et l’intérêt de maîtriser l’art de la broche, mais demeure-t- il vraiment un art mâle-masculin ? En contre-partie, j’ai particulièrement apprécié l’art des marinades à travers les huiles aromatisées pour les venaisons italiennes, les épices spécifiques aux tagines magrébines, le chimichurri argentin, les laques de Chine, mais l’un ne va pas sans l’autre, c’est ainsi que l’Art du méchoui prend forme.

À travers cette fiction historique transparaît une véritable passion pour le métier de la cuisine. Lors d’un entretien avec Fabien Deglise du Devoir (fév 2017), Lionel Noël commente avec justesse cet engouement factice pour le divertissement culinaire dont les médias font leur chou-gras !!  : Cette médiatisation de la cuisine jusqu’à plus faim relève de l’artificiel, mais elle a aussi l’avantage de sensibiliser les gens, et les jeunes en particulier, à la diversité culinaire, à la découverte des saveurs, à l’existence de l’ailleurs. Objectif atteint le désir de transmission qui mène au changement est le fil conducteur de cet excellent roman-fiction : Adieu l’ortolan, bienvenue à la cuisine sous-vide !

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Un extrait pour donner la couleur

Le sentiment de pénétrer dans l’antre d’un sorcier m’étreignit profondément. « Les épices sont importantes, précisa Trinkwein (…) Mais attention au dosage !» Il me demanda de toucher les bouteilles d’huiles. Dans les armoires, il y en avait de toutes les tailles et de toutes les formes. Je relevai sur les étiquettes les inscriptions calligraphiées : olive, sésame, arachide, colza, argan, noix, noisette… Le gras, c’est la vie s’exclama-t- il en tendant la main vers sa panse. Il me fit ensuite respirer les fioles de vinaigres balsamiques, de vin, de pommes et de fruits. Il me fit zester un citron et une lime, puis une orange et un pamplemousse. Je dus en extraire les jus et les avaler d’un trait. Dès le premier signe de crispation sur mon visage, il s’enthousiasma. – Bienvenue dans le monde des marinades ! … « Ceux qui maîtrisent ces bases sont dignes de recevoir le titre suprême de maître du méchoui ! » (p. 39)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Au sein d’une mystérieuse confrérie dédiée à la cuisine sur broche, des apprentis sont formés deviennent eux-mêmes maîtres, et la tradition se poursuit depuis des siècles.L’enseignement est transmis par des hommes et des femmes pittoresques, de toutes les origines et de toutes les spécialités culinaires – marinades méditerranéennes, asado argentin, wagyu japonais, lama des Andes au chimichurri -, non sans le caractère épicurien avide de plaisirs sous toutes ses formes.
De la Belgique de la fin du XIX e  jusqu’à Montréal, en 1962, Sans Loi, le narrateur, retrace son parcours au sein de l’Ordre du Méchoui, un récit dans lequel se fond l’histoire du vingtième siècle, mais qui reflète aussi ses grands enjeux; une modernisation inévitable et les divisions qu’elle entraine entre conservateurs et réformistes.

À propos de l’auteur : lionel-noel
Lionel Noël, écrivain québécois d’origine belge, est auteur de roman policier historique et de récit de guerre. Ce diplômé de l’école d’hôtellerie de Spa, s’installe à Montréal et devient au tournant de l’an 2000 un des auteurs importants du roman d’espionnage francophone canadien.

Son premier roman, Louna, lui a mérité en 2000 le prix Arthur-Ellis du livre policier francophone canadien.

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Titre : L’Ordre du méchoui
Auteur : Lionel Noël
Éditeur : Tête Première
Date de parution : 2017

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Saveurs vagabondes, une année dans le monde

Le Goût des voyages

900539-gfDes voyages, des aventures, beaucoup de cuisine, l’ensemble ponctué de références littéraires, Saveurs vagabondes de Frances Mayes est une délicieuse lecture d’été.

Le premier ouvrage de l’auteure: Sous le soleil de Toscane nous transporte dans les aléas des travaux de rénovation d’une villa en Toscane. Nous y rencontrons de croyants voisins à l’ombre d’un cyprès, y achetons quelques aubergines, courgettes et tomates à la vieille épicière, préparons un diner avec ces aliments simples goûtant le ciel, puis Frances Mayes nous invite à sa table dressée de vaisselles dépareillées à l’ombre d’un olivier. Une lecture qui fait goûter la Toscane et la joie des travaux.

Saveurs vagabondes nous emmène plus loin encore, le couple nanti profite de ce pied à terre situé au cœur de l’Europe pour partir à la découverte des pays voisins.
Janvier commence en Andalousie le pays des orangers, ses soirées chaleureuses, ses bars à tapas, ses vignes et sa musique.
Mars on part au Portugal sur la route des explorateurs, de Lisbonne et ses azulejos, de l’Alentejo et son terroir frugal. On mange de traqueria en traqueria et on comprend que la gastronomie portugaise à beaucoup à offrir.Saveurs vagabondes
On se fraye ensuite un chemin dans les rues de Naples, un espresso et une pointe de pizza sur le pouce et direction la Médina de Fez au Maroc où l’on rentre dans l’intimité des rues médiévales de ses persiennes et vitraux colorés, de ses odeurs et de ses secrets. Carottes au cumin, poivrons grillés, olives au citron confit et couscous traditionnel, on salive.
colette saveurs vagabondesDépart pour le terroir riche de la Bourgogne sur les pas de l’écrivaine Colette, cuisine française, bouteilles de bons crus et quête de fines herbes sur fond de littérature.
Juillet sera au jardin dans les îles Britanniques, souper de pâté de porc en croûte, cake au thé et à la cannelle ou bien un roulé à la confiture en dessert. Une toile de campagne anglaise qui évoque le paradis.
Fatigué? Va pour une croisière dans les îles grecques: Corfou, Crête, Volos, Pirée etc… en quête du bleu pur et de la cuisine méditerranéenne.

500 pages où Frances Mayes fait voyager nos sens grâce à son écriture sensuelle. Un des livres les plus gourmand que j’ai lu.
Une lecture évasion, une carte postale de saveurs et un très bon guide de voyage.

Un extrait pour donner la couleur

Les odeurs du pain qui cuit, des pavés mouillés, du poisson frit dans les boutiques de rues. Arômes de coriandre, de menthe, de gros ragoûts et de porc rôti qui filtrent aux portes des petits restaurants de quartier – les tascas. Le plat du jour – prato do dia – est affiché sur la vitrine, et nous choisissons une tasca aux tables pleines, où tout le monde s’assoit avec tout le monde. En attendant ma commande, j’admire le gâteau aux noix nappé de caramel qu’on apporte au voisin. Il s’en aperçoit, s’empare de ma fourchette et me la rend avec une bonne bouchée de son gâteau. (p148)

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture):
«De la fenêtre de mon bureau, je vois la baie de San Francisco – terrain bleu encadré de tribunes d’eucalyptus. J’imagine que le vent a traversé l’Asie, survolé Hawaii, apportant avec lui – si j’avais l’odorat assez puissant – le parfum des frangipaniers. Le soleil fait une sortie grandiose à l’ouest, dans un ciel marbré de lavande et de rose. La baie engloutit l’océan ! Avec l’élan d’un tremblement de terre, une certitude sauvage point entre mes tempes. Il est temps. De partir. Temps. De partir. Et c’est tout.»
Frances Mayes s’accorde une année de vagabondages pour découvrir le métissage des cultures en Andalousie, la cuisine du Portugal, les jardins à l’anglaise, effectuer un pèlerinage littéraire dans le pays de Colette en Bourgogne, errer au hasard des ruelles de Fez. Partout elle s’immerge, se mêle, flâne au marché, pousse les portes des cuisines de restaurant, entraînant le lecteur avec elle. Elle met ses pas dans ceux d’Homère, se repose de la mer Égée à l’ombre des oliviers en Crète, mais c’est à Mantoue qu’elle rêve de s’installer, en attendant que l’appel de la route la reprenne. Le livre savoureux d’une épicurienne.

À propos de l’auteure: francesmayes
Frances Mayes est une écrivain, professeur d’université, poétesse, essayiste américaine qui partage sa vie entre Hillsborough et Cortone.

Titre: Saveurs vagabondes, une année dans le monde
Auteur: Frances Mayes
Éditeur: Folio
Date de parution: 2008
Traduit de l’américain par Jean Luc Piningre

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Le Gourmet solitaire

Le gourmet solitaireIl travaille dans le commerce, mais ce n’est pas un homme pressé; il aime les femmes, mais préfère vivre seul; c’est un gastronome, mais il apprécie par-dessus tout la cuisine simple des quartiers populaires … Cet homme, c’est le Gourmet solitaire.
La 4e de couverture est vraiment parlante et me voilà plongée dans les aventures culinaires de ce passionné de bouffe.
Comme à chaque lecture qui parle de cuisine du monde, j’espère au fond de moi que le livre révèlera les secrets, dévoilera les mystères du pays en question: LE guide de voyage gourmand ultime celui qui délivre ces adresses cachées, ces endroits typiques, ces boui-boui loin des foules et des places aseptisées. J’espère que Le Gourmet solitaire soit LE livre qui me fera manger le vrai Japon et ses habitants.

Ce manga publié en 1997 et traduit en français en 2002, nous amène dans le 9782203098237_5quotidien d’un travailleur autonome qui vit à Tokyo et qui travaille dans l’import-export. Sa liberté ?! Laisser son instinct du moment s’exprimer afin de trouver LA place où calmer sa faim, l’amenant souvent à sortir de sa zone de confort et à découvrir de nouvelles saveurs.
Le livre est ainsi divisé en chapitre, un pour chaque endroit visité.
Ses tergiversions culinaires nous permettent de découvrir quelques villes japonaises et différents quartiers de Tokyo, de découvrir un pays fort marqué par les différences: de recettes, de mentalités (Tokyo-Osaka), d’ambiance. Paradoxalement on ressent aussi l’exigence d’une uniformisation des comportements en société: il faut paraître le plus neutre possible.

gourmet_solitaire_page_11Pas d’histoire romancée, tout tourne autour des plats et des restaurants que le protagoniste découvre. Ce qui peut vite devenir redondant pour ceux et celles qui ont moins d’intérêt pour les longs descriptifs de bouffe. Pour les autres, cette bande dessinée donne accès à un pan détaillé de la culture alimentaire nipponne, une cuisine riche et soucieuse du bien être de ses clients, respectueuse des saisons, de la naturalité des produits et du terroir.
Les plats même illustrés en noir et blanc sont plus alléchants les uns que les autres: haricots sucrés en gelée «Mamekan», bol d’anguille grillé sur du riz, Oden et bol de riz au curry etc …
Les pages se dévorent, le dictionnaire français-japonais est ouvert, on savoure.

La suite Les rêveries d’un Gourmet solitaire, vient de paraître au Québec. Tanoshimi ni shite imasu.

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Un extrait pour donner la couleur

Il faut un sacré courage pour entrer la première fois dans un restaurant inconnu, quand on y pense. Et je ne parle pas d’entrer dans un de ces restaurants hyper-chics dans un pavillon traditionnel aux murs passés au brou, ni dans un de ces restaurants français qui vous refusent l’entrée si vous n’êtes pas en smoking-cravate. Non, je veux parler d’entrer dans un de ces restos tout ce qu’il y a de plus banal […] un de ces petits bistrots comme il y en a partout avec un plat du jour foie de porc à l’ail à la poêle à 680 yens, salade de tofu froid incluse; ou une de ces gargotes de soupe de nouilles «râmen» plus demi-portion de riz cantonais à 600 yens. Ce genre d’endroit. (p285)

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
Il travaille dans le commerce, mais ce n’est pas un homme pressé ; il aime les femmes, mais préfère vivre seul ; c’est un gastronome, mais il apprécie par-dessus tout la cuisine simple des quartiers populaires… Cet homme, c’est le gourmet solitaire.
Au gré de ses déplacements et de ses envies, il fait de chaque repas une expérience unique, qui ravive en lui des souvenirs enfouis, donne naissance à des pensées neuves, ou suscite de furtives rencontres.

À propos des auteurs:
Jirô Taniguchi
Jirō Taniguchi est un auteur japonais de mangas seinen et gekiga. En 1970 il découvre la bande dessinée européenne, alors inconnue au Japon, et dont le style (netteté et diversité du dessin), notamment celui de la ligne claire, va fortement l’influencer. Ses histoires plus récentes traitent de thèmes universels comme la beauté de la nature, l’attachement à la famille ou le retour en enfance.

kusumi masayukiMasayuki Kusumi est auteur et illustrateur de manga.

Titre : Le Gourmet solitaire
Auteurs : Jirō Taniguchi, Masayuki Kusumi 
Éditeur : Casterman
Date de parution : 1997
Traduit du japonais par Sahé Cibot, Patrick Honnoré.

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Chef !

Un roman nostalgique, mélancolique, mais ô combien empreint de réflexions sur une vie remplie de doutes envahissants. D’entrée de jeu, le jeune enfant s’interroge « Maman, qu’est-ce qui nous manque le plus quand on est mort ? »

Un roman nostalgique, un roman initiatique également … Kirpal, ce cuisinier à la retraite apprend qu’il est atteint d’une maladie mortelle, au moment où il reçoit une missive de son ancien employeur, lui demandant de réaliser le repas de noce de sa fille.

Au cours de ce long voyage en train, qui le mènera de Delhi au Cachemire, il se remémore les débuts de sa carrière de cuisinier, les préparations raffinées de son mentor qu’il appelait Chef, l’apprentissage des parfums, des saveurs, des odeurs dont celles accolées à l’amour, et particulièrement à l’amour interdit avec une Pakistanaise, ennemie et espionne, n’oublions pas qu’il est Indien.

Un magnifique roman, qui nous amène sur le glacier Siachen où il a travaillé, un des hauts points du monde où le thermomètre peut descendre jusqu’à – 50 degrés. On vit le conflit indo-pakistanais et la situation du Cachemire situé entre ces 2 puissances nucléaires, on est imprégné également du mépris et de la haine entre hindous et musulmans, – et de ces guerres qui n’en finissent jamais … Et avec plaisir, on découvre les charmes de la cité, l’ambiance des petits restos de campagne, les fêtes de village évidemment toujours arrosées de bons vins… où tout le monde prend le temps de se rencontrer en fin de journée.
Ce roman culinaire et sensuel, demeure un livre mystérieux dont le coeur semble impénétrable. Serait-ce pour combler en partie cette lacune, qu’on trouve un lexique, en fin de livre !

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Un extrait pour donner la couleur 

« Idéalement, je voulais devenir un légume. Les légumes ne redoutaient rien. Les carottes baisaient la terre. La vie sexuelle des carottes et des oignons était meilleur que la mienne. Les courgettes faisaient scandaleusement l’amour aux paneer, champignons, ail et tomates. Le basilic se nichait au plus profond de pâtes bien gonflées, aux noms plus sexy que la forme. »

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :

Un long voyage l’attend, de Delhi aux hauteurs enneigées du Cachemire, qu’il a fui quatorze ans plus tôt… Bercé par le rythme lent du train, Kip se remémore le froid polaire et les vents déchaînés soufflant la discorde sur la frontière indo-pakistanaise. C’est là pourtant qu’il apprit à mêler saveurs et parfums, comme il associe aujourd’hui cuisine, amour, et espoirs passés autour du souvenir d’une femme…

À propos de l’auteur : article-1268764610413-08BC8758000005DC-124162_636x411

Né en 1969 au Penjad, Jaspreet Singh a grandi dans la région du Cachemire et dans plusieurs villes de l’Inde, son père étant militaire de carrière. Il s’installe en 1990 à Montréal, où il obtient un doctorat en ingénierie chimique de l’Université McGill. Après une carrière de chimiste, il décide de prendre la plume. Chef, son premier roman a remporté en 2009 le Canadian Authors Association Literacy Award.

Titre : Chef ! cachmire
Auteur : Jaspreet SINGH
Éditeur : Pocket
Date de parution : 2011
Traduction de l’anglais par Laurence Videloup

 

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