Loin de sils maria

Et le destin finalement … !

L’histoire d’un jeune gardien de chèvre qui deviendra un des grands pâtissiers suisses et développera un empire de la confiserie, au tournant du 18e siècle. Voilà une histoire qui peut sembler banale quoique toute biographie de grands passionnés à la volonté inébranlable de croiser la réussite professionnelle demeure toujours fascinante.

J’aime ces clins d’œil littéraires qui, intercalés dans le texte, nous ramènent à notre réalité de lecteur et à ce degré de connivence que l’auteure a bien voulu mettre en place. Drôle et agréable façon de nous tenir témoin de l’évolution du petit berger, par exemple :

« On sait qu’il a fêté son onzième anniversaire lorsque se déroulent les faits qui vont décider de son étonnant destin. J’ai si souvent pensé à cet épisode que mon héros, jusqu’ici, claquemuré dans les quelques pages qui content son aventure réelle, avérée, s’en échappe pour devenir un personnage de roman. Il a désormais sa propre vie, me mène par le bout du nez et je ne peux faire autrement que suivre sa course échevelée. » (p. 17).



L’auteure laisse vivre son personnage qui rejoindra, au fil du temps son destin de grand confiseur. Des lieux prennent vie, des noms historiques s’entrecroisent : Nietzsche, Herman Hesse, Thomas Mann, Giacometti; une méthode archiconnue mais qui fait toujours son effet ! Un bonheur de partager ce métier de confiseur, caramels et marrons confits, nous fait saliver !

Un extrait pour donner la couleur 

« Franz met à cuire un mélange de sucre et d’eau. Trempe une écumoire après quelques minutes et la ressort. Une fine pellicule de sirop la recouvre, qui forme des gouttes avant de retomber. C’est le stade de la nappe, Breislauf en allemand, et puisque nous sommes en Allemagne du XVIIIe siècle, je ne ferai état que des sept degrés alors enseignés par Franz à Johann: Breilauf, Kleine Perle, Grosse Perle, Kleine Blase, Grosse Blase, Starker Bruch, Karamell. Que nous traduirons par nappe, petit perlé, grand perlé, petit soufflé, grand soufflé, grand cassé, caramel. Au petit perlé, le sucre pris entre deux doigts forme un fil qui s’étire et lorsqu’il se brise à la suite d’un trop grand écartement, se recroqueville en une petite perle … »

Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture) :
Loin de Sils Maria, une histoire vraie, raconte l’ascension de Johann Josty, petit gardien de chèvres de 11 ans qui finira par créer, autour du célèbre café Josty, le Premier Empire de la pâtisserie du XVIIIe siècle, dans la République des Grisons.
Gian Josty, auprès de son cousin Jacob, confiseur en vogue qui l’incite à s’appeler ­désormais Johann, il apprend l’art de filer le sucre, de fouetter la crème, de dorer la pâte pour devenir compagnon. Décide enfin d’aller s’établir à Berlin, la capitale de la Prusse, où il ouvre une confiserie qui fournira bientôt la Cour en gourmandises suprêmes. Tel Napoléon, l’idole de Johann, le confiseur avance à grands pas et fonde vers 1820 un véritable empire autour du café J.Josty & Co, alors le plus célèbre d’Europe. Quelques années plus tard, de retour à Sils Maria, revigoré par ses retrouvailles avec les montagnes de son enfance, Johann, toujours aussi passionné, s’inventera un nouveau destin, participant à la magie de ce village où, depuis le milieu du XIXe siècle, accourent les célébrités du monde entier.

À propos de l’auteure :
Née à Nice, Michèle Kahn a publié une vingtaine de romans fortement ancrés dans l’histoire du peuple juif, et entraîne les lecteurs aux quatre coins du monde. Membre du Club des croqueurs de chocolat, elle a été nommée en 2003 ambassadrice de l’Académie du Chocolat de Bayonne.

Titre : Loin de sils maria
Auteure : Michèle Kahn
Éditeur : Le Passage
Date de parution : 2018

Contes des sages cuisiniers

9782021121735Un livre de contes, tous reliés à la cuisine pour ensorceler l’imaginaire, le savoir-faire et l’amour qui envahissent le quotidien des sages cuisiniers. Ces quelques pages, à la fois poétiques, savoureuses, émouvantes, nous font réfléchir et tout simplement, nous rendent heureux.

Quelques titres pour vous donner l’eau à la bouche : Un festival d’aubergines, Le cuisinier et le bodhisattva, La Soupe à la tête de serpent, le Tagine aux figues fraîches, le Dîner des prétendants… Un tourbillon de contes savoureux illustrés magnifiquement selon les thématiques et, dans tous les cas, respectant une iconographie extrêmement soignée. De plus, ce petit bouquin, un peu hors dimensions par son étroitesse est relié en toile, d’un orange flamboyant et la tranche de chaque page porte un ruban en enluminures. Un superbe objet, un régal à offrir à tous les gourmets.

 

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Un extrait pour donner la couleur 

Le grand bonheur de Ch’hâ consistait à déambuler au milieu des étals du vieux marché. Il s’extasiait devant les poivrons et les tomates, il les soupesait et les levait vers le soleil, choisissant ceux qui étaient gorgés de lumière. Gourmand, il jouait avec les gousses d’ail et les gros oignons blancs, dénichait dans les couches de peau des saveurs dissimulées au profane, faisait grande provision de citrons et d’olives marinés aux herbes et aux piments.

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Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)

À travers les continents et les époques, gourmets profonds, émouvants et drôles, Pascal Fauliot et Patrick Fischmann nous entraînent dans un tourbillon de contes savoureux revisités ou créés pour fêter l’imagination, le savoir-faire, la finesse et l’amour qui mijotent dans les cocottes des sages cuisiniers. Des tables princières aux camps nomades, de la cuisine royale au village de brousse, de l’auberge au saloon, et de la simple chaumière au monastère zen, on croise des chefs poètes, des maîtres et des apprentis, des dieux et des esprits gourmands, des rôtisseuses, des princesses, des vagabonds, des mères nourricières. Une assemblée généreuse qui fait du « Grand Art » une offrande. Les auteurs livrent ainsi les clés d’un monde d’une profondeur insoupçonnée où les leçons de vie sont à déguster.
Une iconographie riche et éloquente ajoute au menu de saveurs, de sauces et de sages, une présentation délectable et raffinée.

À propos de l’auteur: 1688254

Pascal Fauliot: Sa vocation de conteur naît en pratiquant les arts martiaux japonais avec un maître très expert en contes philosophiques et en récits de samouraïs ! Devenu spécialiste des récits philosophiques et légendaires de l’Asie, il a également publié Les contes des sages taoïstes, Les contes des sages du Tibet et Les Contes des sages peaux-rouges avec son comparse Patrick Fischmann qui est également conteur, chanteur et musicien.

Titre : Contes des sages cuisiniers
Auteur : Pascal Fauliot et Patrick Fischmann
Éditeur : Seuil
Date de parution : 2014