Traité culinaire à l’usage des femmes tristes
L’auteur ne dédie aucunement ce livre aux femmes tristes, comme le prétend le titre – loin de là…
Voici plutôt un traité pour apprivoiser la tristesse ou la mélancolie, qu’on vit tous, comme le précise l’auteur « à l’heure de la course épuisante au bonheur et du bien-être en cachets … » Tel est le ton ironique de cet opus où l’auteur fait des recommandations, austères ou farfelues, mais toujours sous une formulation très sérieuse et dans une langue savoureuse – On le croit !
Une écriture d’un autre siècle, comme s’il s’agissait d’une recette pour rendre la vie simple. Des chapitres brefs, très resserrés – 1 ou 2 pages- sans titre et dont la lecture, dans presque tous les cas, nous laissent un sourire en coin… L’auteur interpelle sa lectrice en la tutoyant : tu aimeras, tu choisiras, tu préféreras…
Il lui apprend à se comporter lors de situations quelquefois … embarrassantes, troublantes, …
– si elle est trop jolie ou si elle est plutôt moche,
– si elle est célibataire ou si elle est importunée par un odieux prétendant,
– si son mari la trompe ou ne lui procure plus vraiment de plaisir au lit,
ou encore les plats à cuisiner ou manger pour séduire … ou repousser…
D’ailleurs, il lui paraît impensable qu’on puisse terminer un repas sans dessert qui, dira-t-il, nous réconcilie à coup sûr, avec la vie dans ce qu’elle a de divin ! »
Voici un agréable petit traité philosophique – mois de 200 pages – un peu malicieux, un peu coquin. L’auteur termine d’ailleurs ainsi « Je ne voudrais pas être autre chose que cela, un brave apothicaire, un potard, un pharmacien, le détenteur des recettes qui vont parfumer ta fantaisie »
Quand je vous disais … Sourire en coin garanti !
Un extrait pour donner la couleur
Peut-être réussiras-tu la recette des côtelettes comme jamais, les chairs dorés auront la consistance idéale, la texture de la sauce sera sans pareille, mais en apportant les met à la table, le plat tombera devant les invités, des gerbes de sauce éclabousseront leurs chaussures cirées de frais pour l’occasion, et des éclats de verre se ficheront comme des poignards dans la viande cuisinée. (p. 80)
Quelques notes de l’éditeur (4e de couverture)
A l’heure de la course épuisante au bonheur, à l’époque du bien-être en cachets, Héctor Abad Faciolince se fait avec humour l’avocat de la mélancolie, l’ambassadeur des élans du coeur et nous livre un traité plein de grâce pour apprivoiser la tristesse.
Né à Medellin, en Colombie en 1958, Héctor Abad Faciolince est écrivain et journaliste. En 1987, son père, farouche défenseur des droits de l’homme, est assassiné par les paramilitaires, ce qui a profondément influencé l’écriture du jeune auteur. Il collabore aujourd’hui à de nombreuses revues littéraires et ses oeuvres sont traduites dans le monde entier.
Titre : Traité culinaire à l’usage des femmes
Auteur : Héctor Abad Faciolince
Éditeur : JC
Date de parution : 2011
Traduction de l’espagnol Tratado culinario para mujeres tristes par Claude Bleton